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Sam Bankman-Fried, l'ex-patron de FTX, inculpé pour fraude par la justice américaine
Sam Bankman-Fried, ex-étoile montante des cryptomonnaies avec sa plateforme FTX et sa société Alameda, a été inculpé mardi par la justice américaine pour avoir escroqué ses clients et ses investisseurs.
Arrêté lundi aux Bahamas à la demande des Etats-Unis, il est poursuivi au total de huit chefs d'accusation, dont fraude par voie électronique, blanchiment d'argent et violation des lois électorales, selon l'acte dévoilé par le procureur fédéral de New York.
Egalement poursuivi par les régulateurs des marchés financiers, il doit être présenté mardi devant la justice de l'archipel.
M. Bankman-Fried est accusé d'avoir, dès les débuts de FTX en 2019, utilisé l'argent déposé par les clients souhaitant spéculer sur les cryptomonnaies pour financer l'activité -- et les paris risqués -- de sa société de courtage et d'investissement Alameda.
Il lui est aussi reproché d'avoir menti aux investisseurs prêtant de l'argent à Alameda sur la santé financière réelle de l'entreprise.
Il a "construit un château de cartes fondé sur la tromperie", a affirmé dans un communiqué le président de l'autorité chargé de réguler Wall Street, la SEC, Gary Gensler.
Le gendarme boursier, qui s'interroge sur les plus de 1,8 milliard de dollars levés par FTX auprès d'investisseurs depuis au moins mai 2019, réclame notamment que "SBF" soit interdit d'acheter ou de vendre des titres financiers (sauf pour son compte personnel) et qu'il ne puisse plus exercer de fonctions dirigeantes.
L'agence américaine en charge des produits dérivés (CFTC) a aussi déposé une plainte accusant l'entrepreneur de fraude et de fausses déclarations.
"SBF" enchaînait les apparitions médiatiques depuis un mois, malgré le risque de procès pour fraude après la spectaculaire implosion de la société, valorisée 32 milliards de dollars en début d'année.
Les Etats-Unis ont "porté plainte" contre le trentenaire, qui réside aux Bahamas, et "vont probablement demander son extradition", a expliqué le procureur général des Bahamas, Ryan Pinder, dans un communiqué relayé sur Twitter.
Les deux pays "ont intérêt à ce que les individus associés à FTX, qui ont peut-être trahi la confiance du public et enfreint la loi, rendent des comptes", a indiqué Philip Davis, le Premier ministre de l'archipel situé au nord-est de Cuba.
Les Bahamas vont mener leur propre "enquête criminelle sur l'effondrement de FTX", a-t-il ajouté, cité dans le communiqué.
- "Inexpérimentés et pas très calés" -
Aux Etats-Unis, "s'il est condamné pour fraude, il pourrait passer le reste de sa vie en prison, étant donné le montant", estime Jacob Frenkel, du cabinet Dickinson Wright.
"Il n'y aurait pas d'acte accusation si les procureurs n'étaient pas absolument convaincus qu'ils vont obtenir une condamnation", a ajouté ce spécialiste des enquêtes fédérales, qui a travaillé pour le gendarme boursier américain (SEC).
Sam Bankman-Fried était censé s'exprimer mardi devant une commission parlementaire de la Chambre des représentants, tout comme John Ray, le nouveau patron de FTX.
Les ex-dirigeants de la plateforme en faillite ont fait preuve d'une "défaillance complète" à tous les niveaux de contrôle, dépensant sans vraiment compter l'argent de leurs clients, a affirmé lundi John Ray, dans un document publié à la veille de l'audition au Congrès.
A première vue, "l'effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d'un très petit groupe d'individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés, qui n'ont mis en oeuvre aucun des systèmes ou des contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l'argent ou les actifs d'autres personnes", a souligné le responsable.
Considérée comme l'une des principales plateformes d'échange de cryptomonnaies au monde, FTX n'a soudainement plus été en mesure début novembre de reverser à ses clients l'argent qu'ils y avaient déposé.
Le groupe a annoncé son dépôt de bilan le 11 novembre.
L'ancienne égérie des cryptos a choisi de multiplier les interviews et les prises de paroles sur Twitter, malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui.
Diplômé du Massachusetts Institute of Technology, fils de professeurs de droit à l'université Stanford, il était parvenu à légitimer les cryptomonnaies auprès du grand public et de la classe politique.
Mais son air contrit et son ton hésitant lors de ses récentes interventions offrent un contraste saisissant avec l'image rassurante qu'il s'était forgée ces dernières années.
"C'était une stratégie très risquée", remarque Jacob Frenkel. Au final, c'est "comme s'il avait admis qu'il s'est comporté de façon criminelle".
J.Bondarev--CPN