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Biden devant le Congrès, pour insuffler un peu d'optimisme à une Amérique désabusée
Convaincre une Amérique désabusée qu'il est l'artisan de sa prospérité retrouvée et le garant de ses succès futurs: Joe Biden, qui envisage de se représenter en 2024, prononce mardi une allocution de politique générale aux enjeux conséquents.
Au début de chaque année, depuis des décennies, le président américain vient devant le Congrès pour son "discours sur l'état de l'Union".
Le "principal message (sera) que nous devons encore faire des progrès, mais que les gens doivent se sentir optimistes", a dit lundi le principal conseiller économique de Joe Biden, Brian Deese.
Ce grand rituel de la vie politique américaine suit une chorégraphie bien réglée, avec son lot d'ovations dans les travées du parti présidentiel et de mines consternées dans le camp adverse.
Cette année, le démocrate aura, assis derrière lui, le tout nouveau chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.
Dans une Amérique où les divisions politiques sont plus profondes que jamais, ce dernier a assuré qu'il ne ferait pas de coup d'éclat, par exemple en déchirant ostensiblement le discours du président, comme l'avait fait sa prédécesseure démocrate Nancy Pelosi derrière Donald Trump en 2020.
"Je respecte le camp adverse", a assuré le conservateur.
- 2024 -
A 80 ans, Joe Biden a fort à faire pour convaincre ses compatriotes qu'il est leur meilleure option, maintenant et potentiellement en 2024.
Le président démocrate, qui n'a pas officialisé sa candidature, a les chiffres pour lui: croissance robuste, chômage faible et une inflation qui se calme.
Mais les statistiques ne font pas le ressenti. Malgré les énormes investissements et réformes réformes adoptés en deux ans, 62% des Américains estiment qu'il n'a "pas fait grand-chose" voire "rien fait ou presque", selon un sondage Washington Post/ABC.
Mardi, le démocrate voudra donc avoir une "conversation avec les Américains", a dit sa porte-parole Karine Jean-Pierre, sur la chaîne MSNBC. "Il va parler des progrès effectués", mais aussi "se mettre au niveau des gens, parce qu'il comprend qu'ils sont encore en difficulté".
Elle a dit que le discours serait "du Joe Biden". Le président américain, peu enclin aux envolées oratoires, adepte d'interjections bon enfant et d'anecdotes réconfortantes, devrait donc marteler ses formules préférées sur la classe moyenne "colonne vertébrale" de l'Amérique, à laquelle il faut donner "un peu d'air" et de "dignité".
- Chine et Tyre Nichols -
Joe Biden, comme immunisé contre le marasme de ses compatriotes, répète aussi qu'il n'a "jamais été aussi optimiste" pour la première puissance mondiale, malgré les périls internationaux.
A l'approche du premier anniversaire de la guerre en Ukraine, Joe Biden devrait vanter la riposte occidentale face à la Russie et plus largement sa vision de "leader du monde libre" face aux autocraties.
Et en particulier face à la Chine, que les Etats-Unis accusent d'avoir envoyé un ballon "espion" au-dessus de leur territoire, finalement abattu samedi.
Joe Biden, chantre de l'unité et du compromis, balaiera un vaste éventail de sujets consensuels.
La Maison Blanche a d'ores et déjà indiqué qu'il mettrait l'accent sur quatre domaines "où les Américains attendent de leurs élus qu'ils coopèrent au-delà des lignes partisanes": la lutte contre le cancer, le soutien aux vétérans, la santé mentale et la flambée de décès dus aux opiacés de synthèse.
Le président voudra aussi aborder des sujets de société plus clivants, dont la liste des invités de la Maison Blanche donne un aperçu.
Seront présents les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain victime de violences policières à Memphis; un couple de lesbiennes; un "héros" qui a désarmé l'auteur d'une fusillade meurtrière en Californie; et une Texane qui a failli mourir des suites d'une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l'avortement.
Selon le Washington Post et le Financial Times, le démocrate pourrait aussi placer dans sa ligne de mire les géants de la tech, en appelant à plus de régulation, et les grandes fortunes, en plaidant pour une fiscalité plus lourde.
A.Agostinelli--CPN