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Virulente charge chinoise contre l"hystérie" et le "protectionnisme" de Washington
Le chef de la diplomatie chinoise a livré samedi une violente charge contre Washington, dénonçant sa réaction "hystérique" au survol d'un ballon et son "protectionnisme" économique.
Devant un parterre de dirigeants et experts internationaux réunis à la Conférence sur la sécurité de Munich, Wang Yi a dressé un réquisitoire contre les Etats-Unis.
Première cible: la réaction américaine, jugée "absurde et hystérique" au survol du territoire américain par un ballon chinois.
Cet aéronef, un ballon d'espionnage selon Washington, un objet "civil" assure Pékin, a été abattu le 4 février par un avion de l'armée de l'air américaine.
"Il y a beaucoup de ballons dans le ciel, de différents pays. Voulez-vous abattre chacun d'entre eux? Cela ne montre pas que l'Amérique est forte", s'est emporté à la tribune Wang Yi.
Pour ce haut-diplomate, "c'est un abus à 100% de l'utilisation de la force".
Il s'agissait d'un simple ballon de recherche météo ayant dérivé involontairement dans l'espace aérien américain, a répété le chef de la diplomatie.
- "Intrusion" -
"Nous demandons instamment aux Etats-Unis de ne pas faire de telles choses absurdes simplement pour détourner l'attention de leurs problèmes intérieurs", a mis en garde Wang Yi.
"Nous avons demandé aux Etats-Unis de gérer cette situation de manière calme et professionnelle", a-t-il estimé.
"Malheureusement, les Etats-Unis ne tiennent pas compte de ces faits et utilisent des avions de chasse de pointe pour abattre un ballon avec leurs missiles, ce qui est, selon moi, absurde et hystérique", a fustigé Wang Yi.
Le chef de la diplomatie s'est dans la foulée entretenu avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi. "J'ai dit que si un ballon pénètre dans l'espace aérien de notre pays sans autorisation, cela serait considéré comme une intrusion, quel que soit le pays d'où il provient", a déclaré le ministre japonais à l'issue de la rencontre.
Wang Yi a présenté son pays comme un champion de la "paix", un mot répété une trentaine de fois, et redit que Moscou et Kiev devaient "s'asseoir autour de la table et trouver" une issue "politique" au conflit.
La vice-présidente américaine, Kamala Harris, également présente à Munich, a mis en question la neutralité affichée par la Chine.
- "Récompenser l'agressio" -
Les États-Unis sont "troublés par le fait que Pékin a approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre", a-t-elle souligné.
"Toute démarche de la Chine visant à fournir un soutien létal à la Russie ne ferait que récompenser l'agression, poursuivre les tueries et saper davantage un ordre fondé sur des règles", a prévenu la vice-présidente.
Les Européens de leur côté, notamment l'Allemagne et la France, espèrent toujours convaincre la Chine de faire pression sur Vladimir Poutine afin qu'il mette un terme à la guerre.
Paris avait estimé jeudi que "le temps de la reconnexion" avec la Chine, où Emmanuel Macron se rendra bientôt, était venu.
Mais entre Washington et Pékin, les différends sont nombreux : déséquilibre des relations commerciales, situation à Hong Kong, relations américaines avec Taïwan, droits de l'homme ou encore rivalité technologique.
C'est sur ce dernier aspect que Wang Yi a poursuivi sa charge, dénonçant les restrictions américaines aux exportations puces électroniques.
Ces restrictions relèvent à "100%" du "protectionnisme". Elle sont à "100% égoïstes, 100% unilatérales" et sont "en grave violation du principe de libre échange", a fait valoir le chef de la diplomatie chinoise.
- Espionnage industriel -
Wang Yi a jugé que ces restrictions témoignaient "d'une perception erronée de la Chine" de la part des Etats-Unis.
En octobre, les Etats-Unis, au nom de la "sécurité nationale" avaient annoncé de nouveaux contrôles à l'exportation visant à limiter la capacité de Pékin à acheter et fabriquer des puces haut de gamme "utilisées dans des applications militaires".
L'ambition de Washington est de compliquer le développement par Pékin de sa propre industrie des semi-conducteurs. Ces derniers font l'objet d'une féroce bataille entre les deux puissances économiques pour la domination technologique.
Les Etats-Unis accusent régulièrement la Chine d'espionnage industriel et de menaces à sa sécurité nationale.
En réaction, la Chine avait annoncé en décembre le dépôt d'une procédure auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les Etats-Unis.
Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, également présent à Munich, a appelé samedi les Occidentaux à "ne pas faire la même erreur avec la Chine" qu'avec la Russie, qui a créé des liens de dépendance énergétique avec l'Europe.
A.Levy--CPN