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La Commission européenne interdit TikTok à son personnel pour "protéger ses données"
La Commission européenne interdit TikTok à son personnel pour "protéger ses données" / Photo: LOIC VENANCE - AFP/Archives

La Commission européenne interdit TikTok à son personnel pour "protéger ses données"

La Commission européenne a interdit jeudi l'usage de l'application TikTok sur les appareils professionnels de son personnel afin de "protéger les données" de l'institution et cette mesure a été dénoncée par le réseau social chinois, objet d'une surveillance croissante en Occident.

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Cette "suspension" du populaire service de partage de vidéos "vise à protéger la Commission contre les cybermenaces (...) Il est de notre devoir de réagir le plus tôt possible aux cyberalertes potentielles", a indiqué l'exécutif européen dans un communiqué.

La mesure a été décidée peu après la venue à Bruxelles du PDG de TikTok Shou Zi Chew, en janvier. Il avait été appelé par les responsables européens à respecter "entièrement" les règles de l'UE en matière de protection des données et de désinformation.

Les fonctionnaires et employés de la Commission ont jusqu'au 15 mars au plus tard pour désinstaller l'application de leurs appareils professionnels (smartphones, tablettes...), a précisé un porte-parole de l'institution.

Ils devront également supprimer TikTok de leurs appareils personnels si ces derniers contiennent des applications officielles (messagerie électronique, applications de visioconférence...), dans l'objectif de "protéger les données de la Commission", a-t-il ajouté.

Cette interdiction survient alors que TikTok, dont la société mère ByteDance est chinoise, fait l'objet d'une surveillance croissante des Occidentaux ces derniers mois en raison de craintes que Pékin puisse accéder aux données des utilisateurs à travers le monde.

C'est "une décision interne de la Commission strictement limitée à l'utilisation des appareils mobiles du personnel", qui ne s'applique pas aux institutions de l'UE ni à celles des États membres, précise l'exécutif européen.

- Précédent américain -

Bruxelles emboîte ainsi le pas à Washington. Aux États-Unis, une loi ratifiée par le président Joe Biden début janvier interdit le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les appareils des fonctionnaires de l’État fédéral américain.

Une vingtaine d’États américains a pris une mesure similaire pour leurs propres employés.

Certains législateurs au Congrès tentent d'interdire totalement à TikTok d'exercer aux États-Unis, l'accusant d'être un outil d'espionnage et de propagande au service de la Chine, sur fond de tensions entre Pékin et Washington.

Dans l'UE, ByteDance fait l'objet d'une enquête de l'autorité irlandaise de protection de la vie privée, qui le soupçonne d'enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine.

TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en Chine pouvaient accéder aux données d'utilisateurs européens et avait admis en décembre que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes afin d'identifier l'origine de fuites dans les médias.

Mais le groupe nie farouchement tout contrôle ou accès du gouvernement chinois à ses données.

"En tant qu'institution, la Commission européenne a, dès le début de son mandat, mis l'accent sur la cybersécurité, la protection de ses collaborateurs et de tous ceux qui travaillent" pour l'institution, a observé jeudi devant la presse le commissaire à l'Industrie Thierry Breton.

"Nous ne sommes nullement contraints de donner les raisons pour lesquelles nous prenons [de telles] décisions dans l'intérêt du bon fonctionnement de l'institution", a-t-il insisté.

"C'est une décision clairement fondée sur l'évaluation de la situation, mais nous ne donnerons aucune précision" sur les motivations exactes, ni sur les mesures attendues pour une levée éventuelle de cette "suspension", a complété une porte-parole de la Commission.

-"Décision erronée"-

TikTok affichait jeudi sa surprise et sa déception: "Nous déplorons cette décision, que nous croyons erronée et basée sur des incompréhensions fondamentales", a réagi un porte-parole du réseau social chinois dans un communiqué.

Soucieux d'apporter des gages, son PDG Shou Zi Chew avait assuré en janvier que TikTok travaillait à "renforcer la sécurité des données d'usagers en Europe".

"Nous continuons d'améliorer notre approche (...) en établissant trois centres de données en Europe pour stocker les données des utilisateurs localement, en réduisant davantage l'accès des employés aux données, et en minimisant les flux de données hors d'Europe", plaide l'entreprise.

"Il ne doit y avoir aucun doute concernant la sécurité des données des utilisateurs européens et le fait qu'elles ne soient pas exposées à un accès illégal d'autorités de pays tiers", avait insisté la vice-présidente de la Commission Vera Jourova lors de sa rencontre avec M. Shou.

A.Agostinelli--CPN