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Pénurie de soignants: un hôpital privé de Nancy ferme ses urgences
L'hôpital privé Nancy-Lorraine, rattaché au groupe Elsan, a annoncé la fermeture définitive de ses urgences mardi à minuit, justifiant sa décision par "la problématique critique de recrutement des soignants et des médecins".
Le service, qui accueille 40 patients quotidiennement, avait déjà connu plusieurs fermetures temporaires depuis le printemps 2022. Selon la direction, le service, ouvert en 1999, fonctionnait avec seulement trois médecins titulaires sur dix, et huit infirmières titulaires sur dix-huit.
"Tous les jours, nous devions aller chercher des intérimaires. La recherche de personnel occupait une grosse partie du temps des ressources humaines", explique à l'AFP Olivier Teissèdre, directeur de l'établissement.
"C'était chronophage, c'était une source de stress de ne jamais savoir si nous allions maintenir le service ouvert, parfois même pour la nuit à venir, et c'était problématique pour l'organisation des soins sur le territoire, avec le CHRU (de Nancy) qui devait pallier nos fermetures", souligne-t-il.
La fermeture a été décidée "en concertation" avec le CHRU de Nancy et l'Agence régionale de santé (ARS), selon l'hôpital, qui assure, dans un communiqué, qu'un "accompagnement personnalisé" est prévu "pour chaque salarié du service".
"Ce n'est pas une bonne nouvelle", réagit Christian Rabaud, le président de la commission médicale d'établissement du CHRU de Nancy, qui s'apprête a accueillir le flux de patients additionnel.
"Aux urgences, on est en capacité de faire face, même si ça implique d'augmenter les effectifs" à moyen terme, poursuit-il. "Le service est bien tenu, l'ensemble des postes sont occupés".
Néanmoins "ça va poser des problèmes immédiatement", tempère-t-il. "Sur la quarantaine de patients supplémentaires qui vont se présenter, certains devront être hospitalisés. Ce sont des lits qui ne seront plus disponibles pour l'activité programmée, qui souffre déjà beaucoup", a fortiori après l'épidémie de Covid qui a provoqué des difficultés de prise en charge.
Il pointe aussi le "deux poids, deux mesures" entre le secteur public et le privé dans l'accueil des urgences. L'établissement privé "s'est-il donné les moyens de renforcer les urgences au détriment du reste ? Je ne pense pas", remarque Christian Rabaud. "Mais nous, c'est ce qu'on va être contraints de faire. Il faut comprendre que ça participe à la lassitude qui s'installe chez certains de nos personnels".
Sollicitée, l'ARS Grand Est n'avait pas réagi en milieu de journée.
M.P.Jacobs--CPN