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Catastrophe ferroviaire : la Grèce en colère attend des explications du chef de gare
Le chef de gare, qui a reconnu sa responsabilité dans la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts en Grèce, doit s'expliquer samedi devant la justice alors que les révélations sur son inexpérience se multiplient dans un pays en proie à la colère.
A Athènes et dans plusieurs villes du pays, de nouvelles manifestations sont attendues samedi soir à l'appel des jeunesses communistes.
Un vaste rassemblement d'étudiants et d'employés des chemins de fer est également prévu dimanche à 11H00 (09H00 GMT), sur la place Syntagma en face du Parlement, théâtre de heurts vendredi soir entre manifestants et forces de l'ordre.
Le chef de gare de Larissa, ville la plus proche des lieux de l'accident, doit être entendu à partir de 14H00 locales (12H00 GMT) par la justice en vue d'une inculpation pour "homicide involontaire par négligence", selon les médias.
Mais l'avocat de cet homme de 59 ans, mis en cause dès le lendemain de l'accident pour avoir commis une erreur fatale, pourrait demander un délai supplémentaire pour préparer sa défense.
- Inexpérimenté -
Selon le quotidien Kathimerini, la justice cherche à comprendre comme un chef de gare inexpérimenté, s'est retrouvé, seul, sans personne pour le superviser, à la gare de Larissa pendant quatre jours alors que le trafic ferroviaire sur cette ligne était intense en raison d'un week-end prolongé.
Cet homme, dont l'identité n'a pas été révélée, n'avait en outre reçu qu'une formation de 40 jours pour devenir chef de gare après avoir longtemps travaillé dans l'Education nationale, selon des médias grecs.
Selon une source judiciaire, l'enquête judiciaire en cours vise aussi "à engager des poursuites pénales, si nécessaires, contre des membres de la direction de l'entreprise" Hellenic Train, les chemins de fer grecs, alors que la vétusté du réseau est pointée du doigt.
Une perquisition a d'ailleurs été menée vendredi dans la gare de Larissa.
Vendredi soir, une manifestation a réuni 3.000 personnes au centre-ville de la capitale où la police a fait usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes, tout comme à Thessalonique (nord) où un nombre similaire de manifestants a défilé.
La colère est avant tout dirigée contre Hellenic Train. Le mot "Assassins" a été peint en lettre rouge sur la vitre du siège à Athènes devant lequel s'étaient massées vendredi plus de 5.000 personnes en colère et réclamant des comptes, a constaté l'AFP.
D'autres rassemblements ont également eu lieu à Larissa et à Patras, une ville universitaire du Péloponnèse (sud-ouest).
"Nous vivons la plus grande tragédie de notre histoire", a affirmé la direction de l'Université Aristote de Thessalonique, qui, avec plus de 5.000 étudiants, est la plus grande du nord de la Grèce. Neuf étudiants de cette université sont morts.
A Thessalonique, deuxième ville du pays où de nombreuses victimes suivaient leurs études, les jeunes réclament la vérité malgré le mea culpa du gouvernement sur les défaillances "chroniques" du réseau ferroviaire qui ont conduit à l'accident.
"Nos morts sont leurs profits. Nous ne vous oublierons pas", proclame ainsi une banderole à l'entrée principale du département d'agriculture.
"Nous sommes remplis de rage et ne pouvons accepter qu'un événement aussi tragique puisse se produire en 2023, avec des dizaines de vies perdues, parmi lesquelles de nombreux camarades étudiants", a souligné le président d'un syndicat étudiant, Angelos Thomopoulos, selon qui la plupart des universités sont restées portes closes vendredi.
La justice et la population veulent comprendre pourquoi un train transportant 342 passagers et dix cheminots a pu être autorisé à emprunter la même voie unique reliant Athènes à Thessalonique (nord) qu'un convoi de marchandises.
- Grève -
Les trains n'ont pas circulé jeudi et vendredi après un appel à la grève des syndicats de cheminots. L'appel a été reconduit vendredi pour 48 heures de plus.
"Malheureusement, nos demandes constantes de recrutement de personnel permanent, de meilleure formation mais surtout d'adoption de technologies de sécurité modernes ont toutes été définitivement jetées à la poubelle", ont déploré ces organisations.
Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a mis en exergue les manquements à la sécurité sur la ligne incriminée.
Les représentants syndicaux de la compagnie des chemins de fer Hellenic Train avaient tiré la sonnette d'alarme il y a trois semaines.
"Nous n'allons pas attendre l'accident qui arrivera pour voir les responsables verser des larmes de crocodile", avaient-ils averti.
Hellenic Train a été achetée en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane (FS) dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique (2009-2018).
Y.Ponomarenko--CPN