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Présidentielle: les candidats en campagne malgré la guerre en Ukraine
A un mois et demi du premier tour, la guerre en Ukraine bouleverse l'ordre du jour des candidats à la présidentielle. Certains faisaient malgré tout campagne vendredi au risque parfois d'apparaître décalés.
Une guerre en Europe, un président accaparé par la situation internationale, des candidats sans adversaire déclaré, des Français encore peu mobilisés et à peine sortis de la crise sanitaire : jamais sans doute une campagne présidentielle n'avait donné l'impression d'être comme happée par les évènements et suspendue au temps.
Emmanuel Macron, dont l'entrée dans l'arène est sans cesse repoussée, est tout occupé à gérer les conséquences de l'invasion russe en Ukraine.
Il a auparavant reçu à l'Elysée ses prédécesseurs de gauche François Hollande et de droite Nicolas Sarkozy.
L'entourage d'Emmanuel Macron avait cité le Salon de l'Agriculture, passage obligé pour tout candidat et qui s'ouvre samedi, comme possible rampe de lancement de sa campagne pour sa réélection. Au vu de la crise, il devrait se contenter d'un passage éclair dans la matinée, loin du traditionnel marathon entre vaches et produits du terroir.
Le temps presse pourtant à 44 jours du premier tour pour lequel M. Macron part ultra-favori.
- Campagne bousculée -
Chez les candidats, on s'adapte tant bien que mal, eux qui peinent déjà à être audibles auprès des Français sur fond de craintes d'une abstention record les 10 et 24 avril.
La campagne "est de fait bousculée par la guerre en Ukraine", a reconnu Marine Le Pen sur BFMTV et RMC. Interrogée pour savoir si M. Macron serait avantagé du fait de sa posture internationale, elle a répondu : "Objectivement, je ne le souhaite pas" mais "il pourrait être tenté de réduire" sa campagne "à quelques jours".
Dans l'entourage de son rival d'extrême droite Éric Zemmour, attendu en meeting vendredi soir à Chambéry, on avoue s'être interrogé sur le maintien de ce déplacement.
"Il me semble qu'il faut continuer à aller voir les Français", s'est expliqué le candidat dans l'après-midi. "Évidemment l'événement est grave. Il y a la guerre en Europe. Mais il n'y a pas la guerre en France" et "nous devons respecter les Français" et "la démocratie", a-t-il ajouté.
"En démocratie, on s'arrête pas parce que la Russie a envahi l'Ukraine", a également lancé le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, depuis l'île de la Réunion à des milliers de kilomètres du continent européen.
Toujours à gauche, l'écologiste Yannick Jadot, qui a biffé de son agenda un déplacement à Clermont-Ferrand, la socialiste Anne Hidalgo ou encore Christiane Taubira ont participé jeudi à Paris à des manifestations de soutien à l'Ukraine.
La candidate socialiste est allée vendredi matin à la rencontre de la communauté ukrainienne et a appelé, tout comme M. Jadot, à fournir des armes aux Ukrainiens. Elle a aussi dit "transformer" sa réunion publique prévue samedi à Bordeaux en "meeting de solidarité avec les Ukrainiens".
Quant à la candidate LR Valérie Pécresse, en déplacement à Sainte-Opportune-la-Mare, en Normandie, pour y rencontrer des chasseurs, elle a dit "comprendre que ce rendez-vous puisse paraître un peu décalé par rapport à l'actualité".
"La campagne doit avoir lieu", a-t-elle ajouté, "mais le contexte nous inquiète énormément et si l'embrasement continue à nos portes, évidement ça justifie que nous soyons dans une logique de responsabilité et d'action, et les yeux tournés vers l'Ukraine".
- Talon d'Achille -
Du reste, la campagne n'est jamais très loin.
Des candidats comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, placés sur la défensive en raison de leurs positions prorusses exprimées par le passé même s'ils ont condamné Moscou, se sont inquiétés des conséquences de cette guerre en Europe sur le pouvoir d'achat des Français.
Selon les sondages, c'est la principale préoccupation des Français, avant même que le conflit n'éclate, et cela a contribué ces dernières années à provoquer des mouvements sociaux d'ampleur comme les "gilets jaunes".
Dans le viseur, une nouvelle augmentation des prix du gaz, du blé et du pétrole ainsi que les possibles rétorsions russes aux sanctions occidentales.
Marine Le Pen a appelé à "ne pas traiter par dessus la jambe" les conséquences potentiellement "terrifiantes" sur le pouvoir d'achat des Français.
Parlant à l'AFP, un ministre confiait que si "la France n'est pas le pays le plus exposé par rapport à la Russie" (...) ce "qu'on ne mesure pas, c'est le niveau de réponses de Poutine face aux sanctions" citant en particulier l'approvisionnement de gaz russe en Europe, véritable talon d'Achille des Européens.
H.Meyer--CPN