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La pression monte en Europe pour une sanction "maximale" contre la Russie
La pression s'accentue en Europe pour accroître encore les sanctions contre la Russie en l'excluant du système international Swift, malgré les réticences des pays qui craignent pour leur approvisionnement énergétique comme l'Allemagne ou la Hongrie.
Alors que la veille, lors d'un sommet européen, un accord n'avait pu être trouvé pour recourir à cette mesure financière considérée comme maximaliste dans la palette des mesures punitives, plusieurs Etats ont franchi le Rubicon vendredi.
"Nous plaidons en faveur d'une exclusion de la Russie de Swift", a déclaré le chancelier autrichien Karl Nehammer, dont le pays achète 70 à 80% de son gaz à la Russie et qui jusqu'ici y était opposé.
La France s'est aussi déclarée en faveur d'une telle exclusion. "Certains Etats membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces Etats", a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire, prenant ainsi ses distances avec le partenaire allemand.
"Nous ne devons pas attendre qu'il y ait des fusillades dans les rues de Kiev et que des cadavres jonchent les sols", s'est indigné aussi sur le sujet le ministre des Affaires étrangères de la Lettonie, Edgars Rinkevics.
- Rouage clé -
Swift, acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est un rouage essentiel de la finance mondial, l'un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière. Il permet les règlements interbancaires entre les établissements du monde entier.
Concrètement, ce système permet par exemple à un pays comme l'Allemagne de régler électroniquement ses achats de gaz russe, sans avoir à payer en liquide à Gazprom.
Selon le site de l'association nationale russe Rosswift, la Russie est le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre d'utilisateurs de ce système, avec quelque 300 banques et institutions russes membres.
Bloquer un pays de ce système est considéré comme une "arme nucléaire économique", tant l'impact est important sur les relations économiques de ce pays avec le reste du monde.
Mais débrancher un Etat de Swift, c'est aussi empêcher ses propres banques de faire des transactions avec les banques du pays puni.
"Si les banques russes sont déconnectés de Swift, les paiements d'importations et exportations avec la Russie, seront rendus difficiles", confirme à l'AFP Eric Dor, directeur des Etudes Economiques de l'IESEG School of Management.
- Répercusions "massives" -
Du coup, plusieurs pays dépendant des matières premières russes sont très réservés, craignant pour leur approvisionnement.
"Une suspension de Swift aurait des répercussions massives (…) pour les entreprises allemandes dans leurs relations avec la Russie, mais aussi pour régler les paiements de livraison d'énergie", s'est justifié vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit.
En Hongrie, le Premier ministre Victor Orban s'est félicité que les sanctions décidées jeudi garantissent "l'approvisionnement en énergie" de son pays.
"Il faut toujours faire attention à ne pas se nuire à soi-même plus qu'aux autres", a ainsi déclaré le très écouté député allemand Jürgen Trittin, spécialiste de l'international pour le parti écologiste.
40% des importations de gaz en Europe viennent de Russie, un chiffre qui grimpe à 55% en Allemagne, mais n'est que de 17% en France.
Cet attentisme agace, notamment chez une partie des pays de l'est de l'Europe, qui se sentent les plus exposés à la menace russe, comme les pays baltes, ou la Pologne.
"Les gouvernements de l'UE qui ont bloqué les décisions difficiles (…) se sont déshonorés", a déclaré l'ancien président du Conseil européen, le polonais Donald Tusk, actuellement chef du parti de droite PPE au Parlement européen.
Les pays anglo-saxons tentent également de faire fléchir l'UE. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a ainsi plaidé, durant la réunion du G7, en faveur d'une telle mesure, selon un porte-parole.
Le chef de l'Etat américain, Joe Biden, a lui assuré jeudi que couper la Russie du réseau Swift restait "une option", tout en reconnaissant qu'"actuellement ce n'était (pas) une position partagée par les Européens".
A.Zimmermann--CPN