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Attendu sur l'IVG, Emmanuel Macron rend hommage à Gisèle Halimi
Emmanuel Macron rend mercredi un hommage national à Gisèle Halimi à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes et pourrait s'exprimer sur la constitutionnalisation de l'IVG, dont la légalisation fut l'un des combats de l'avocate féministe.
L'hommage présidentiel à cette militante emblématique de nombreux combats de la seconde moitié du XXe siècle se concrétise non sans polémiques plus de deux ans et demi après son décès.
Son fils aîné, Jean-Yves Halimi, prendra la parole avant le chef de l'Etat à la cérémonie organisée à 16H00 au Palais de justice de Paris.
Mais un autre de ses fils, le journaliste Serge Halimi, n'y participera pas, déplorant qu'elle intervienne "alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste", notamment pour les femmes, que sa mère aurait selon lui combattue.
Plusieurs manifestations organisées en France lors de ce 8-Mars sont d'ailleurs axées contre cette réforme contestée.
Même boycott pour Violaine Lucas, présidente de l'association "Choisir la cause des femmes" cofondée par Gisèle Halimi en 1971, qui dénonce une "instrumentalisation politique".
"Ce procès qui est fait n'engage que ses auteurs", a répondu un conseiller d'Emmanuel Macron.
"Le président de la République a choisi d'honorer une femme de combat, une pionnière du féminisme", a souligné mardi la ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome.
Elle a estimé que Gisèle Halimi "aurait apprécié" le plan pour cette égalité qu'elle présente aussi à l'occasion du 8-Mars.
Parmi la centaine de mesures prévues figurent le doublement du nombre de Maisons des femmes, structures d'aide aux victimes de violences, mais aussi la création de "pôles spécialisés" dans les violences conjugales au sein des tribunaux.
- "Idéaux hérités des Lumières" -
L'Elysée a également tenté de rassurer ceux qui redoutent que l'hommage de mercredi enterre les espoirs d'entrée au Panthéon de Gisèle Halimi. L'étude du dossier est toujours "en cours", a dit ce conseiller.
Dans son discours, Emmanuel Macron évoquera "une figure qui a su faire vivre les idéaux hérités des Lumières", et notamment ses combats "contre la colonisation et la guerre d'Algérie", "contre la peine de mort" ou encore pour "la légalisation de l'IVG".
Décédée le 28 juillet 2020 à 93 ans, Gisèle Halimi avait dénoncé l'usage de la torture par les militaires français pendant la guerre d'Algérie, ce qui lui avait valu une arrestation et une brève détention.
En 1972, lors d'un procès retentissant à Bobigny (Seine-Saint-Denis), elle avait par ailleurs obtenu la relaxe d'une mineure poursuivie pour avortement après avoir été victime d'un viol, ouvrant la voie à la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse. Élue députée en 1981, elle avait poursuivi ce combat à l'Assemblée nationale, cette fois pour le remboursement de l'IVG, finalement voté en 1982.
"La question de l'IVG est indissociable de Gisèle Halimi", affirme-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron. Ce dernier "l'évoquera certainement" mercredi, ajoute-t-on.
Il pourrait se prononcer sur la suite à donner à la proposition d'inscrire dans la Constitution de l'accès à l'IVG. Le conseiller élyséen a suggéré d'être "très attentif à ce que dira le président" à ce sujet.
Le Sénat a voté début février pour cette constitutionnalisation de la "liberté de la femme" de recourir à l'IVG, reformulant un texte venu de l'Assemblée qui faisait initialement référence à un "droit".
Mais le chemin est encore long: une proposition de loi constitutionnelle présentée par des parlementaires doit être approuvée dans des termes identiques par les deux chambres puis être soumise à référendum.
Des députés et sénateurs de gauche ont appelé Emmanuel Macron à prendre "l'initiative d'un projet de loi constitutionnel" d'émanation gouvernementale qui pourrait, lui, être approuvé en dernier ressort à la majorité des 3/5e par le Parlement réuni en Congrès, sans référendum.
"On a fait la démonstration qu'il y avait une majorité pour voter un texte constitutionnel", a aussi fait valoir la cheffe des députés macronistes, Aurore Bergé, en s'en remettant à la future décision du président.
"L'avancée sociétale fondamentale pour les droits des femmes que constitue l'accès à l'interruption volontaire de grossesse mérite (...) d'être gravée dans le marbre de notre plus puissant texte républicain", s'est bornée à répondre mardi Isabelle Rome.
M.Davis--CPN