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Redressement ou cession ? Go Sport toujours sans réponse
Plan de redressement ou cession à un tiers ? L'examen de l'avenir de la chaîne de magasins Go Sport a été renvoyé au 18 avril par le tribunal de commerce de Grenoble, qui n'exclut pas que le groupe puisse "améliorer sa situation".
L'angoissant suspense continue donc pour les quelque 2.160 employés du distributeur d'articles de sport, propriété de l'homme d'affaires Michel Ohayon via sa société HPB (Hermione, People & Brands), elle-même en pleine tourmente.
Le tribunal de commerce de Grenoble, qui avait placé Go Sport et sa filiale Go Sport France en redressement judiciaire au début de l'année, s'est penché lundi en audience sur le rapport des administrateurs judiciaires et a décidé de renvoyer l'examen de l'affaire, selon des jugements datés de mercredi.
La période d'observation pendant laquelle les deux entreprises sont autorisées à "poursuivre leur activité" est maintenue jusqu'au 19 juillet 2023, a tranché le tribunal. Il "résulte des éléments rapportés au tribunal que" les deux entreprises pourraient "être en mesure d'améliorer (leur) situation".
Les deux prochaines étapes judiciaires du processus sont prévues les 29 mars et 18 avril.
La première permettra notamment de statuer sur une requête orale présentée lundi par le parquet de Grenoble, demandant une "modification de la mission des administrateurs judiciaires afin qu’ils représentent totalement la société", ainsi que la "nomination d’un expert judiciaire pour expliciter les flux de trésorerie sur les mois qui précèdent l’ouverture de la procédure".
Dans la foulée de la liquidation brutale de l'enseigne de prêt-à-porter Camaïeu en septembre, les salariés de Go Sport, leurs représentants syndicaux et le comité social et économique central (CSEC) s'étaient inquiétés il y a plusieurs mois déjà de la santé financière de HPB.
Ils s'alarment en particulier d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers HPB, ainsi que du récent rachat de l'enseigne Gap France par Go Sport pour 38 millions d'euros. Gap France a entretemps été placé à son tour en redressement judiciaire.
- Ohayon veut rester aux commandes -
Le 18 avril, le tribunal examinera successivement le plan de redressement présenté par HPB, qui malgré ses difficultés s'est déclaré bien décidé à rester aux commandes de Go Sport avec "un plan de continuation de l'activité", puis celle d’un plan de cession du groupe à un tiers.
HPB est la branche distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB), fonds d'investissement de l'homme d'affaires Michel Ohayon, qui a elle-même été déclarée en cessation de paiement et placée en redressement judiciaire en février.
M. Ohayon se trouve actuellement confronté à de nombreuses difficultés financières, et une enquête a été ouverte par le parquet de Grenoble pour "abus de bien social" au sein de Go Sport suite à "plusieurs révélations de faits délictueux" signalés par ses commissaires aux comptes.
Les infractions recherchées ont ensuite été étendues par le parquet de Paris à "l'escroquerie en bande organisée, le blanchiment habituel, la banqueroute et l'abus de bien social", selon le parquet de Grenoble.
D'après le quotidien Le Monde, l'enquête pourra ainsi être élargie à l'ensemble des sociétés de la FIB et sa branche distribution HPB.
Le groupe vient par ailleurs de perdre son patron Patrick Puy, révoqué la semaine dernière par HPB après à peine deux mois à son poste. Présenté comme un spécialiste de la restructuration d'entreprises, c'était le deuxième directeur général en moins d'un an après Benoît Verdier, nommé fin février 2022.
Les candidats à la reprise de Go Sport avaient pour leur part jusqu'à vendredi dernier pour se faire connaître. Parmi eux figure la chaîne de magasins de sport Intersport. Selon Le Parisien, le groupe britannique Frasers serait également sur les rangs.
Déficitaire depuis des années, le groupe, fondé en 1978 et basé à Sassenage en banlieue de Grenoble, avait été racheté fin 2021 pour un euro symbolique par HPB auprès de la maison mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.
Michel Ohayon accumule les difficultés après la liquidation de Camaïeu en septembre. La FIB s'est déclarée en cessation de paiements le 7 février et une semaine plus tard, le tribunal de commerce de Bordeaux l'a placée en redressement judiciaire.
Le même tribunal a aussi placé fin février les vingt-six enseignes Galeries Lafayette détenues par M. Ohayon en procédure de sauvegarde.
P.Kolisnyk--CPN