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Retraites: l'heure de vérité approche, succession de réunions de crise à l'Elysée
Retraites: l'heure de vérité approche, succession de réunions de crise à l'Elysée / Photo: Ludovic MARIN - AFP/Archives

Retraites: l'heure de vérité approche, succession de réunions de crise à l'Elysée

Emmanuel Macron multiplie jeudi les consultations avec les chefs de sa majorité, à quelques heures d'une séquence parlementaire décisive pour sa réforme des retraites, avec un suspense encore entier sur l'issue, voire même la tenue d'un vote à l'Assemblée nationale.

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Le Sénat, de son côté, a sans surprise confirmé jeudi matin son vote en faveur de la réforme par 193 voix contre 114.

A peine sortis de l’Élysée, où ils avaient été conviés pour une réunion matinale, les responsables du camp présidentiel sont à nouveau attendus à 12h00 au palais présidentiel, à trois heures de la séance publique au Palais-Bourbon.

Selon une source proche d'un participant, Emmanuel Macron prendra sa décision en fin de matinée ou en début d'après-midi sur la tenue d'un vote à l'Assemblée ou sur le recours au 49.3, qui permet une adoption du projet sans vote, sauf motion de censure contre le gouvernement.

Selon l'entourage présidentiel, les téléphones continuent de chauffer avec les députés LR et ceux du groupe centriste Liot et la Première ministre Eliszbeth Borne fera sa "recommandation" en début d'après-midi, avant la décision finale.

"Ma conviction est qu'on doit aller au vote" et "on aura une majorité pour voter cette réforme", assure encore jeudi matin la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé.

Mais du côté des députés de droite Les Républicains, dont l'apport est décisif, "on est entre 30 et 35 pour et une vingtaine contre", ce qui rend un vote "très, très, très risqué", juge le chef des sénateurs LR favorable au texte, Bruno Retailleau.

Après des semaines de débats acharnés et de tractations sous haute tension, la réforme des retraites extrêmement impopulaire d'Emmanuel Macron doit en principe connaître jeudi son épilogue parlementaire.

Un compromis scellé mercredi entre sept députés et sept sénateurs, après plus de huit heures de débats derrière les portes closes d'une commission mixte paritaire (CMP), a ouvert la voie à un vote dans les deux assemblées pour ce projet reculant à 64 ans l'âge de départ à la retraite.

 

- Députés LR divisés -

Mercredi soir, Emmanuel Macron a également envisagé, en cas de vote et de défaite dans l'hémicycle, la possibilité d'une dissolution, selon des cadres de la majorité.

Elle permettrait "une clarification" devant les électeurs, notamment pour les députés de droite, a plaidé Aurore Bergé.

Mais Bruno Retailleau n'y croit "pas un seul instant" car au delà de la droite, "le groupe Renaissance perdrait évidemment aussi" des sièges, selon lui.

La dissolution ? "Chiche", a lancé la patronne du Rassemblement national Marine Le Pen, qui a dénoncé "corruption", "magouilles" et "propositions d'achats de votes" envers les députés hésitants.

Le président de la République joue très gros sur cette séquence parlementaire. Il en va de la suite de son second quinquennat et de sa capacité à réformer la France.

Les concessions accordées aux députés LR, notamment sur leur cheval de bataille du dispositif des carrières longues, n'ont pas dissipé les doutes sur les intentions de vote des députés de ce groupe indiscipliné.

Malgré les "avancées" de la CMP vantées par leur président, Olivier Marleix, plusieurs d'entre eux n'ont pas caché leurs états d'âme.

Le député du Territoire de Belfort Ian Boucard, qui estime ainsi "entre 15 et 20" le nombre d'opposants au texte chez ses collègues LR, a expliqué après une réunion de son groupe mercredi soir qu'il "continue à voter contre" car il est "contre le report de l'âge de la retraite".

- "Rien n'est fini" -

En cas de recours au 49.3, les oppositions ne manqueraient pas de qualifier l'absence de vote d'acte antidémocratique qui, selon les leaders syndicaux, serait susceptible de durcir le mouvement social.

"Rien n'est fini", a prévenu la cheffe de file des députés Insoumis Mathilde Panot, annonçant que son groupe voterait jeudi en faveur de la motion de rejet de la réforme déposée le petit groupe de députés indépendants Liot à l'Assemblée.

"Et puis nous continuerons avec tous les outils dont nous disposons: saisine du Conseil constitutionnel, motion de censure et la suite on vous la dira après", a-t-elle lancé.

Sur le front social, à l'issue des manifestations de mercredi (qui ont réuni 1,7 million de personnes selon la CGT et 480.000 selon le ministère de l'Intérieur), l'intersyndicale a appelé "solennellement" les parlementaires à voter contre la réforme.

Le passage de la réforme laisserait une "dette sociale" chez les travailleurs, qui risque d'être exploitée par les populistes et "particulièrement l'extrême-droite", a craint jeudi le secrétaire de la CFDT Laurent Berger, sur FranceInfo.

Mais le mouvement donne quelques signes d'essoufflement. Les manifestants sont moins nombreux dans les rues et dans des secteurs cruciaux comme les transports, les grèves ne durent pas ou sont peu suivies.

En meeting à Chevilly-Larue mercredi soir, le leader de la gauche Jean-Luc Mélenchon a cherché à prévenir à l'avance toute résignation parmi ses troupes. "Ne vous laissez pas détrousser", les a-t-il encouragés.

J.Bondarev--CPN