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La fusion UBS-Credit Suisse n'a pas rassuré les marchés en Asie
Les marchés asiatiques ont souffert lundi, signe que le retour de la "confiance" des investisseurs mondiaux dans le système bancaire est loin d'être gagné, malgré le rachat de Credit Suisse par UBS annoncé la veille dans l'urgence.
A Hong Kong, l'indice Hang Seng chutait de plus de 3% après 06H00 GMT, et à la Bourse de Tokyo l'indice vedette Nikkei a clôturé en repli de 1,42%.
Une "forte dose de suspicion et de paranoïa" a persisté lundi sur les marchés asiatiques, a commenté dans une note Matt Simpson, analyste de City Index.
La forte baisse des cours du pétrole et la montée des "valeurs refuge" que sont l'or et le yen sont d'autres indices suggérant que les investisseurs sont "toujours effrayés", a relevé Stephen Innes de SPI Asset Management.
A l'issue d'intenses tractations ce week-end, le premier groupe bancaire suisse UBS a consenti dimanche à racheter pour une bouchée de pain son rival en difficulté Credit Suisse, avec d'importantes garanties du gouvernement de Berne.
Le montant du rachat de Credit Suisse, qui traversait une intense phase de turbulences depuis le début de la semaine dernière, s'élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d'euros), payables en actions UBS, pour une banque qui en valait près du triple vendredi à la clôture de la Bourse.
- Action des banques centrales -
"C'est le meilleur moyen d'assurer la confiance", a lancé devant les médias à Berne le président de la Confédération helvétique, Alain Berset, en annonçant l'accord.
Cette solution "n'est pas seulement décisive pour la Suisse (...) mais pour la stabilité de l'ensemble du système financier" mondial, a ajouté M. Berset.
La ministre suisse des Finances, Karin Keller-Sutter, a déclaré que la faillite de Credit Suisse aurait pu provoquer "des dommages économiques irréparables".
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a aussi estimé que ce rachat allait "contribuer à rétablir des conditions de marché ordonnées". Aux Etats-Unis, le Trésor et la Réserve fédérale américaine (Fed) se sont dits "satisfaits".
Pour faire bonne mesure, les plus puissantes banques centrales du monde, dont la BCE et la Fed, ont annoncé dans la foulée une action coordonnée pour améliorer l'accès à des liquidités et tenter de rassurer un peu plus les investisseurs.
- Course vers l'abîme -
Le secteur bancaire est sous tension depuis que les grandes banques centrales ont augmenté fortement leurs taux afin d'essayer de maîtriser l'inflation. Nombre d'établissements ont omis de se préparer après avoir eu accès pendant des années à de l'argent pas cher.
Les turbulences sur les banques aux Etats-Unis ont augmenté l'angoisse des investisseurs et les ont poussés à vendre les titres des établissements considérés comme des maillons faibles.
C'est le cas de Credit Suisse qui, depuis deux ans, allait de scandales retentissants en revers et a eu soudainement du mal à accéder à des liquidités à des prix raisonnables.
Une bouée de sauvetage de 50 milliards de francs suisses lancée mercredi dernier par la banque centrale suisse, après une journée noire en Bourse, n'a donné qu'un bref répit à la banque.
Les autorités de régulation et le gouvernement fédéral ont dû faire face à une pression immense des principaux partenaires économiques de la Suisse pour assainir la situation.
UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008 et un sauvetage massif de l'Etat, commence à récolter les fruits de ses efforts et il a fallu énormément de pression des autorités pour que la direction de la banque accepte d'endosser l'habit du sauveur.
- Craintes sur l'emploi -
Pour faire passer la pilule, UBS va bénéficier d'une garantie de quelque 9 milliards de francs de l'Etat qui sert d'assurance si des problèmes devaient être découverts dans des portefeuilles très spécifiques de Credit Suisse.
La banque centrale suisse accorde par ailleurs une ligne de liquidités allant jusqu'à 100 milliards de francs suisses aux deux établissements.
UBS va aussi reprendre la branche helvétique de Credit Suisse, un des pans profitables du groupe qui a lui perdu 7,3 milliards de francs suisses l'année dernière et tablait encore sur des pertes "substantielles" en 2023.
Cette branche rassemble la banque de détail et les crédits aux PME.
La fusion UBS-Credit Suisse fait aussi craindre des suppressions d'emplois massives. Dimanche, le syndicat des employés de banques en Suisse a "exigé" la participation des partenaires sociaux aux discussions, compte tenu des enjeux "énormes" pour l'emploi.
P.Schmidt--CPN