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Monter les taux ou pas? Dilemme des banques d'Angleterre, Suisse et Norvège
Offrir un peu de répit aux banques et aux emprunteurs en maintenant des taux directeurs inchangés, ou les remonter pour combattre l'inflation? Les banques centrales du Royaume-Uni, de Suisse et de Norvège font face jeudi au même dilemme.
La Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi et la Banque centrale européenne (BCE) sept jours plus tôt ont opté pour des hausses de taux, et les banques centrales qui se réunissent jeudi devraient leur emboîter le pas, estiment la majorité des économistes.
Dans les trois pays européens concernés, l'objectif numéro un de la politique monétaire reste d'atteindre une inflation à 2%, ce qui est encore loin d'être le cas.
Mais la faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux autres banques régionales américaines, a montré à quel point le secteur bancaire avait été fragilisé par les hausses de taux effrénées des derniers mois, ce qui rend la poursuite du resserrement monétaire périlleux.
La Fed a averti à l'issue de sa réunion, que la récente crise des banques était "susceptible (...) de peser sur l'activité économique, les embauches et l'inflation", soulignant que "l'ampleur de ces effets est incertaine".
Et le risque n'est pas limité aux Etats-Unis, comme l'a prouvé le rachat à prix cassé de Credit Suisse par UBS: la présidente de la BCE Christine Lagarde a reconnu mercredi que les tensions sur le secteur bancaire engendraient de "nouveaux risques" pour l'économie.
- Rebondissements britanniques -
Du côté du Royaume-Uni, la BoE avait signalé lors de sa dernière réunion qu'après dix hausses consécutives, elle pourrait maintenir son taux inchangé, à 4%, si l'inflation évoluait en ligne avec les attentes.
Mais depuis, l'économie a résisté mieux que prévu Outre-Manche, et le ministre des Finances a estimé lors de sa présentation du budget que le pays allait techniquement éviter la récession, avec une simple contraction de l'économie de 0,2% en 2023.
Et, dernière surprise pour le marché britannique, l'inflation au Royaume-Uni, a rebondi en février et dépasse encore 10%.
Résultat, les investisseurs tablent désormais sur une hausse de 25 points de base, comme pour la Fed la veille.
- Hausses suisse et norvégienne -
Pour sa part, la Banque nationale suisse (BNS), qui a oeuvré pour sécuriser le rachat de Credit Suisse ce week-end, devrait tout de même augmenter son taux de 50 points de base, comme la BCE avant elle, jugent les économistes.
En cause une fois encore, l'inflation, qui reste nettement plus faible que dans le reste de l'Europe, à 3,4% sur un an en février, mais qui accélère sur les derniers mois, alors que les taux directeurs suisses restent bas, à 1%, après des années de taux négatifs.
Plus tôt dans le mois mais avant la crise de Credit Suisse, le président de la banque centrale Thomas Jordan avait assuré au journal SonntagsBlick qu'il ferait "tout son possible" pour lutter contre l'inflation, laissant entendre que davantage de hausses étaient dans les tuyaux.
Et en Norvège, la banque centrale s'est laissée peu de marge de manoeuvre lors de sa réunion en janvier, quand elle avait laissé ses taux inchangés à 2,75% mais jugé "très probable" une hausse en mars.
Les investisseurs s'attendent à ce qu'elle tienne ses promesses et remonte ses taux à 3%, même si l'inflation a ralenti plus que prévu en février, à 6,3%.
La BNS publiera sa décision à 08H30 GMT, la Banque de Norvège à 09H00 GMT, et la BoE fermera le bal à 12H00 GMT.
C.Peyronnet--CPN