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Retraites: l'épreuve se poursuit, la CFDT appelle à mettre "sur pause"
Un regain de mobilisation, des images de violences inédites depuis le début de la contestation et une intersyndicale qui appelle à une 10e journée d'actions mardi: le conflit sur la réforme des retraites se poursuit face à un exécutif inflexible que la CFDT appelle à "mettre sur pause".
Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue contre la réforme a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) pour sa 9e journée de mobilisation.
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a réclamé vendredi que le gouvernement mette "sur pause" la réforme des retraites et à ouvrir une négociation plus globale avec les syndicats, qui comprendrait par exemple "l'emploi des seniors", "l'usure au travail" ou "les aménagements de fin de carrière".
Il faut "se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l'endroit", a-t-il déclaré sur RTL, estimant qu'"il faut calmer le jeu avant qu'il y ait un drame".
Aurélie Thieffry, 35 ans, animatrice périscolaire dans le Finistère, s'est dite jeudi dans le cortège brestois convaincue de pouvoir faire reculer l'exécutif: "ça va être compliqué mais avec un peu d'organisation, c'est possible d’y arriver".
"On sent qu'il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu'il y a un calendrier qui nous permet d'agir, on est mobilisé", a commenté Marylise Léon, numéro deux de la CFDT à l'issue de l'intersyndicale qui a donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, avec des rassemblements syndicaux de proximité ce weekend.
Les syndicats rassurés par les chiffres de la mobilisation, ont été aussi ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux.
La violence qui n'avait jusqu'ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire.
Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient (Morbihan)... Les violences sont montées d'un cran, presque partout dans les métropoles. "Inacceptables", a jugé la Première ministre Elisabeth Borne.
- 457 interpellations -
A Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis tard dans la soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages", à rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 457 interpellations, et de 441 blessés dans les rangs des forces de l'ordre, vendredi matin sur Cnews.
"Nous avons une crise profondément politique, qui réclame une réponse politique et on y apporte une réponse policière", a dénoncé sur BFMTV le député LFI François Ruffin.
La stratégie de l'exécutif, c'est "de faire pourrir un mouvement social et de faire peur aux gens en employant la violence, et j'ose parler de violences policières", selon Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.
Les mobilisations anti-bassines dans les Deux-Sèvres ce weekend et la venue du roi Charles III à partir de dimanche en France en pleine crise sociale promettent un sacré défi pour l'exécutif.
Celui-ci reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron avait défendu bec et ongles mercredi une réforme "nécessaire" pour les finances publiques, assumant son "impopularité".
Selon un sondage Odoxa pour le Figaro vendredi, le soutien à la mobilisation est en hausse dans l'opinion, avec 76% de personnes interrogées disant ne pas avoir été convaincues par l'intervention du chef de l'Etat, et 67% souhaitant que le mouvement social se poursuive.
A l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit qui s'enlise, les responsables politiques de gauche ont invité les Français à amplifier encore la contestation, le chef des communistes Fabien Roussel appelant à "mettre le pays à l'arrêt", et Jean-Luc Mélenchon (LFI) à "jeter toutes les forces dans la bataille".
Pour Marine Le Pen (RN) "Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple".
Le secteur de l'énergie -gaz, pétrole, électricité- reste particulièrement mobilisé mais l'approvisionnement du bassin parisien en carburants par la grande raffinerie de TotalEnergies de Gonfreville-L'Orcher en Normandie a repris vendredi après une intervention des forces de l'ordre.
O.Ignatyev--CPN