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Le président de Credit Suisse s'excuse devant les actionnaires
Le président de Credit Suisse Axel Lehmann s'est excusé mardi devant les actionnaires pour le naufrage de la banque dans lequel les petits porteurs ont vu la valeur de leur placement sombrer.
"Je m'excuse que nous n'ayons pas pu enrayer la perte de confiance qui s'était accumulée depuis plusieurs années et pour vous avoir déçus", a-t-il déclaré devant les actionnaires en ouvrant l'assemblée générale de la banque.
La coque d'un bateau faisant naufrage, frappé d'un "Crisis Suisse", a accueilli les presque 2.000 actionnaires de Credit Suisse, venus mardi à Zurich clamer leur colère et demander des comptes aux dirigeants à la dernière assemblée générale de la banque.
Tout un symbole pour l'établissement aux deux voiles qui, en quelques années, est passé du statut de géant mondial de la banque à candidat au rachat par sa grande rivale UBS pour seulement 3 milliards de francs suisses (3 milliards d'euros).
Les griefs à l'égard de ce pilier de la finance et de l'économie helvétique sont nombreux et ils sont 1.748 actionnaires, selon le décompte officiel, à avoir fait le déplacement pour dire une dernière fois aux dirigeants déchus le fond de leur pensée.
Ils ont vu la valeur de leur placement sombrer et n'ont pas pu voter sur la fusion décidée sous la pression des autorités suisses, comme le veut habituellement la règle.
"J'ai perdu 10.000 francs suisses", a expliqué à l'AFP Stephan Denzler, un petit porteur à l'entrée de l'assemblée générale, les larmes aux yeux.
"Ce n'est pas beaucoup", dit-il avant d'ajouter: "Mais pour ma famille, c'est beaucoup d'argent". "Parfois j'en ris, d'autres fois, je suis très en colère", lance cet actionnaire.
"Je trouve que c'est un scandale ce qu'a fait le gouvernement fédéral avec sa décision d'invoquer l'état d'urgence", lance Albert Keel à l'AFP.
"J'ai acheté récemment et j'ai tout perdu bien sûr", dit-il, expliquant avoir voulu parier sur le succès du plan de restructuration présenté à l'automne par la banque ayant "l'espoir qu'avec la nouvelle stratégie la Bourse monte, mais ça n'a pas marché".
"Maintenant j'ai perdu une somme à 6 chiffres", affirme-t-il.
- Responsables, coupables? -
Un collectif d'organisations environnementales est venu apporter sa voix au concert de récriminations, reprochant à Credit Suisse ses investissements dans les énergies fossiles.
Pour Jeanne Martin, coordinatrice des assemblées générale chez ShareAction --organisation environnementale et sociale qui milite pour des investissements responsables--, "il est important que cette assemblée générale se tienne pour porter la voix de la société civile".
"Pour nous, l'enjeu est de comprendre les responsabilités et de poser des questions au conseil d'administration s'ils enquêtent sur les anciens dirigeants de cette banque qui ont causé cette débâcle", a déclaré à l'AFP Vincent Kaufmann, directeur de la fondation Ethos qui représente des caisses de retraites Suisse.
L'action de Credit Suisse n'a cessé de perdre de la valeur ces dernières années au fil des scandales.
Début mars, elle affichait déjà une chute de 80% de son prix en deux ans. Mais le 15 mars, ce fut la curée au point d'abandonner 30% de sa valeur en cours de séance. Les investisseurs et les bailleurs de fonds marquaient ainsi leur perte de confiance.
Et dans le climat de défiance pour le secteur bancaire après la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), le titre a enfoncé point bas sur point bas.
Malgré le prix dérisoire atteint par l'action, les détenteurs des titres ne se sont vus proposer que l'équivalent de 0,76 franc par action, soit tout juste 0,59% de sa valeur à la clôture de la Bourse à l'issue d'une semaine chaotique.
Dans les heures suivant l'annonce du rachat par UBS faite le 19 mars au soir, un dimanche, par le président de la confédération helvétique Alain Berset, l'avocat Perica Grasarevic a lancé une plateforme pour aider les petits porteurs à saisir la justice.
A son pic, ce site a enregistré jusqu'à 300 demandes par heure, a-t-il indiqué sur Twitter.
Plusieurs points à l'agenda de l'assemblée générale ont été retirés la semaine passée, dont le vote sur le quitus permettant de décharger les dirigeants de leurs responsabilités et le vote sur leurs futurs bonus, ces deux points devenant "obsolètes" avec le rachat par UBS, avait indiqué Credit Suisse dans un communiqué.
Publiés avant l'annonce du rachat, ces points faisaient l'objet d'une vive opposition de la part des organisations actionnariales.
UBS doit tenir son assemblée générale annuelle mercredi à Bâle.
H.Müller--CPN