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Retraites: les 64 ans validés par le Conseil constitutionnel, soulagement pour Macron
Un tournant du quinquennat Macron après trois mois de crise ? Le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de la réforme des retraites, dont le report de l'âge légal à 64 ans, en censurant néanmoins six dispositions secondaires du texte et en bloquant par ailleurs une première demande de référendum d'initiative partagée (RIP) de la gauche.
La mesure emblématique de cette réforme controversée, le report progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, aura donc force de loi dès que le président aura promulgué le texte.
Un soulagement évident pour Emmanuel Macron et son gouvernement. "Il n'y a ni vainqueur ni vaincu", a assuré Elisabeth Borne, pour qui cette étape marque "la fin du cheminement institutionnel et démocratique" de ce texte adopté à l'Assemblée au moyen d'un 49.3.
Mais les syndicats n'entendent pas renoncer. L'intersyndicale n'acceptera pas l'invitation lancée vendredi par Emmanuel Macron et ne souhaite pas d'échange avec l'exécutif avant le 1er mai. Elle appelle le président à ne pas promulguer la réforme, a déclaré à l'AFP la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
L'institution de la rue de Montpensier a sans grande surprise censuré plusieurs "cavaliers sociaux" qui "n'avaient pas leur place dans la loi déférée" qui est de nature financière. Parmi ceux-ci: l'index sur l'emploi des seniors, qui devait être obligatoire dès cette année pour les entreprises de plus de 1.000 salariés, et dont la non-publication devait être passible de sanctions.
Également censuré, le CDI seniors, un ajout des sénateurs de droite, qui devait faciliter l'embauche des demandeurs d'emploi de longue durée de plus de 60 ans.
L'institution présidée par l'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius n'a pas suivi les parlementaires de gauche ou du Rassemblement national, qui avaient plaidé un détournement de procédure parlementaire pour faire adopter la loi.
Le Conseil évoque cependant le "caractère inhabituel" de l'accumulation de procédures visant à restreindre les débats à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Le Conseil a par ailleurs rejeté le projet de référendum d'initiative partagée (RIP) porté par la gauche, qui espérait un feu vert pour entamer la collecte de 4,8 millions de signatures en vue d'une hypothétique et inédite consultation des Français pour contrecarrer le projet du gouvernement.
Les parlementaires de gauche ont déposé jeudi une deuxième demande, sur laquelle le Conseil constitutionnel statuera le 3 mai.
- Rassemblement à Paris -
La parole du Conseil était particulièrement attendue par Emmanuel Macron et son gouvernement, qui espèrent pouvoir surmonter la contestation enracinée depuis janvier, et reprendre la marche d'un quinquennat sérieusement entravé dès sa première année.
Mais "la lutte continue", a déclaré le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a dépeint un Conseil constitutionnel "plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain".
"Le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé", a de son côté estimé Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée, pour qui l'entrée en vigueur de cette réforme "marquera la rupture définitive entre le peuple français et Emmanuel Macron".
Pour la droite, le patron de LR Eric Ciotti a au contraire appelé "toutes les forces politiques" à "accepter" les décisions du Conseil.
La police redoute des débordements. Des blocages se sont poursuivis vendredi: perturbation de la circulation autour de Rouen, blocage d'une plateforme alimentaire dans la banlieue de Strasbourg, opération "péage gratuit" par 150 à 200 manifestants en Gironde...
Jeudi, la 12e journée de mobilisation avait livré le deuxième plus faible score de mobilisation depuis le début du mouvement (380.000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur, 1,5 million selon la CGT).
- Invitation aux syndicats -
Emmanuel Macron n'avait pas attendu la décision du Conseil pour tenter d'enclencher la suite et faire savoir qu'il avait convié les syndicats à l'Elysée pour un dialogue "sans préalable". Fin de non-recevoir de l'intersyndicale, qui appelle le président à ne pas promulguer le texte.
Mais le chef de l'Etat devrait promulguer la loi dans les prochains jours, a assuré l'Elysée.
Il réunira lundi les cadres de sa majorité. Et devrait rapidement s'adresser aux Français. Il "a envie d'en découdre, il est remonté comme un coucou", observe un conseiller ministériel.
Elisabeth Borne, de son côté, prendra la parole samedi après-midi à Paris lors du Conseil national du parti présidentiel Renaissance.
Fragilisée depuis l'emploi du 49.3 sur cette réforme, passée à neuf voix d'être renversée à l'Assemblée, la Première ministre poursuit depuis ses consultations dans le but assigné par le président d'"élargir la majorité", mais qui n'ont guère produit de résultats.
A.Mykhailo--CPN