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La Cour suprême des Etats-Unis maintient pour l'instant l'accès à la pilule abortive
La Cour suprême des Etats-Unis maintient pour l'instant l'accès à la pilule abortive / Photo: OLIVIER DOULIERY - AFP

La Cour suprême des Etats-Unis maintient pour l'instant l'accès à la pilule abortive

La Cour suprême des Etats-Unis a décidé vendredi de maintenir pour l'instant l'accès à une pilule abortive utilisée pour plus de la moitié des IVG dans le pays, suspendant des restrictions décidées par des tribunaux inférieurs et offrant un répit temporaire aux défenseurs du droit à l'avortement.

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Le gouvernement fédéral avait saisi la haute cour en urgence pour faire suspendre ces jugements, ce que le temple du droit a accordé. Seuls deux juges conservateurs de la Cour, Clarence Thomas et Samuel Alito, ont fait savoir leur désaccord vendredi avec la décision prise à la majorité des neuf juges du collège.

La décision de la Cour suprême signifie notamment que les Américaines vont pouvoir continuer à recevoir par voie postale la mifépristone, le nom de la pilule abortive, dans les Etats où l'IVG reste légal.

Il s'agit de l'intervention la plus importante de la Cour sur la question de l'avortement depuis qu'elle a annulé la garantie constitutionnelle à l'IVG en juin 2022.

Mais la bataille judiciaire autour de la pilule abortive va se poursuivre, déchaînant de vives passions.

Evitant de se réjouir ouvertement de cette victoire d'étape, le président Joe Biden a aussitôt réagi à une annonce bloquant pour le moment des mesures "qui auraient sapé le jugement médical de l'Agence fédérale des médicaments (FDA) et mis en danger la santé des femmes".

"La mifépristone reste disponible et approuvée pour un usage sûr et efficace pendant que nous continuons cette bataille devant les tribunaux", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"C'est une bonne nouvelle mais les faits restent les mêmes: l'accès à la mifépristone n'aurait jamais dû être menacé en premier lieu", a tweeté de son côté l'organisation de planning familial Planned Parenthood.

Plus de cinq millions d'Américaines ont déjà pris de la mifépristone depuis son autorisation par la FDA il y a plus de 20 ans.

- Tribunal contre tribunal -

Le casse-tête judiciaire a commencé lorsqu'un juge fédéral au Texas, connu pour sa foi chrétienne, ses positions ultra-conservatrices et nommé par Donald Trump, a retiré le 7 avril l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone après avoir été saisi par des militants anti-avortement.

En dépit du consensus scientifique, il a estimé qu'elle présentait des risques pour la santé des femmes.

Une cour d'appel à la Nouvelle-Orléans, saisie par le gouvernement fédéral, a ensuite permis que la pilule abortive reste autorisée, mais en limitant les facilités d'accès accordées par la FDA au fil des ans.

Son jugement revenait à interdire l'envoi par la poste de la mifépristone et à retourner à une utilisation limitée à sept semaines de grossesse, au lieu de dix.

Le gouvernement fédéral a alors saisi en catastrophe la Cour suprême. Cette dernière a temporairement maintenu il y a une semaine l'accès à la pilule abortive, en suspendant la décision de la cour d'appel afin d'avoir plus de temps pour examiner le dossier.

Compliquant encore l'affaire, un juge fédéral siégeant dans l'Etat de Washington, nommé par Barack Obama, avait estimé juste après la décision de son collègue au Texas que la mifépristone était "sûre et efficace" et avait interdit à la FDA de retirer son agrément dans 17 Etats et dans la capitale.

- Le Canada prêt à aider -

La première suspension décidée par la Cour suprême valait jusqu'à mercredi juste avant minuit. Mais signe probable des désaccords autour de la question, le juge Samuel Alito a indiqué mercredi qu'elle était prolongée de 48 heures, jusqu'à "23H59 vendredi 21 avril".

La Cour pouvait, au choix, décider de suspendre les décisions des cours inférieures, les maintenir, s'emparer de l'affaire ou au contraire refuser de s'impliquer.

Une coalition de médecins anti-avortement avait exhorté mardi la haute cour à laisser la décision de la cour d'appel en place, assurant que la mifépristone était risquée pour la santé des femmes.

La pilule abortive n'est déjà plus disponible officiellement dans une quinzaine d'Etats américains ayant récemment interdit l'avortement, même si des voies détournées se sont développées. L'impact de restrictions ou d'une interdiction de cette pilule concernerait donc en premier lieu les Etats où l'avortement reste légal -- pour beaucoup démocrates.

Même au Canada voisin, l'affaire a provoqué l'inquiétude. La ministre canadienne de la Famille, Karina Gould, a réitéré que son pays entendait aider les Américaines si nécessaire.

"Nous restons très déterminés à nous assurer que nous pouvons soutenir les femmes américaines si elles ont besoin de cet accès-là ici", a-t-elle dit jeudi à CTV.

A.Leibowitz--CPN