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Un 1er mai "unitaire" et "combatif" contre la réforme des retraites, mais pas de raz-de-marée
Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé lundi matin dans toute la France pour un 1er mai à la fois "festif" et "combatif", l'intersyndicale entendant montrer qu'elle n'abandonne pas sa lutte contre la réforme des retraites, même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.
"C'est un gros 1er mai. Ce n'est pas un baroud d'honneur, c'est la contestation du monde du travail de cette réforme", s'est réjoui le leader de la CFDT Laurent Berger. "Ce 1er mai est un des plus forts du mouvement social", a renchéri la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.
Mais s'ils étaient au delà d'un 1er mai classique, les premiers chiffres semblaient montrer que ce ne serait pas le "raz de marée" espéré par les syndicats.
Dans les cortèges, les manifestants se disaient toujours déterminés à obtenir le retrait de la réforme, à l'instar de Céline Bertoni, 37 ans, professeure de sciences économiques à Clermont, six jours de grève au compteur. "La loi est passée mais n'a pas été digérée, il y a une volonté de montrer un mécontentement pacifiquement pour avoir une réaction en face qui atteigne un niveau de décence. J'espère toujours qu'on va nous dire: on retire", a-t-elle expliqué.
Cette fête des travailleurs "se déroule dans l'unité syndicale et rien que ça, c'est historique", s'est réjoui le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.
Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (la CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000). En 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen.
Dans la capitale, le cortège s'est élancé sous l'orage à 14h de la place de la République vers celle de la Nation, avec la présence de syndicalistes du monde entier. Mais aussi pas moins de 5.000 policiers par crainte de violences dans le "pré-cortège" mêlant gilets jaunes et "individus à risque" selon la police.
Selon la préfecture de police, "à 14h10, 2.740 contrôles en amont ont été effectués et 22 interpellations ont été réalisées".
A Lyon, la préfecture a annoncé deux interpellations après des exactions de manifestants encagoulés et habillés de noir. Le centre de Nantes a été aussi une nouvelle fois le théâtre de violents affrontements, des tirs de gaz lacrymogènes répliquant aux jets de projectiles.
- "Pas un gravier entre nous" -
Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient pourtant après la validation de l'essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.
Les syndicats tournent leurs regards vers deux nouvelle dates: le 3 mai, lorsque les "Sages" se prononceront sur une deuxième demande de référendum d'initiative partagée (RIP), et le 8 juin, lorsqu'une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l'Assemblée.
Présente dans les cortèges, la gauche politique encourage aussi les manifestants à "continuer". "La lutte continue jusqu'au retrait. N'écoutez pas la voix mièvre et chevrotante de la résignation, de la capitulation", a tonné Jean-Luc Mélenchon (LFI).
"Ni les Françaises et les Français ni les syndicats ni les partis politiques progressistes ne sont prêts à tourner la page", a renchéri Marine Tondelier (EELV).
Si la colère reste vive, au gouvernement certains veulent croire "qu'on a passé le plus gros en termes de contestation".
Emmanuel Macron s'est donné le 17 avril "100 jours d'apaisement" et "d'action" pour relancer son quinquennat. Elisabeth Borne va envoyer des invitations aux syndicats "dans les jours qui viennent", selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lundi sur BFM-TV.
Au sein de l'intersyndicale, des divergences commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure "qu'il n'y a pas un gravier entre nous".
D'ores et déjà, Laurent Berger a annoncé que la CFDT "irait discuter" avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que l'intersyndicale avait prévu de prendre la décision "ensemble" mardi matin.
"On ne peut pas indéfiniment sécher les réunions à Matignon. Il faut un rapport de force rénové. Ce n'est pas du tout un baroud d'honneur, c'est au contraire l'écriture d'un nouveau chapitre", a plaidé François Hommeril (CFE-CGC).
A.Zimmermann--CPN