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Incertitude à la frontière sud des Etats-Unis après la levée de restrictions à l'immigration
Des milliers de migrants à la frontière sud des Etats-Unis sont plongés vendredi dans l'incertitude depuis la levée, dans la nuit, d'une restriction sanitaire qui verrouillait l'immigration, les autorités américaines promettant d'appliquer fermement de nouvelles règles.
La fin, à 23H59 jeudi heure de Washington, de cette mesure nommée "Titre 42" et liée à la pandémie, fait craindre un afflux "chaotique" de migrants depuis le Mexique -- un événement politiquement sensible, les républicains dénonçant une potentielle "invasion".
A Brownsville, ville frontalière du Texas, l'AFP a vu dans la nuit de jeudi à vendredi des dizaines de véhicules de police déployés du côté américain du pont qui relie la ville à Matamoros, côté mexicain.
Un peu plus loin, des équipements de chantier étaient visibles avec des employés préparant la pose de fils barbelés.
Avec leur mauvais anglais, lui-même et d'autres migrants tentent de se renseigner. "Le Titre 42 est terminé", leur dit un policier.
Ces derniers jours, plus de 10.000 migrants sans visa ont chaque jour traversé la frontière, selon des médias américains. Des dizaines de milliers d'autres attendent de le faire.
Les clandestins déjà entrés craignent le durcissement promis d'autres règles, notamment liées à l'octroi de l'asile.
- "Quête de bonheur" -
"Nous voyons des gens arriver à notre frontière sud, ainsi que nous l'attendions, ainsi que nous nous étions préparé", a déclaré vendredi matin sur CNN le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.
Les migrants "qui n'ont pas de raison de rester, nous les écarterons très rapidement avec ce que nous avons désormais à disposition, nos pouvoirs traditionnels de contrôle de l'immigration", a-t-il ajouté, quelques heures après la levée de la mesure.
"Je répète depuis des mois que la situation sera compliquée", et si "notre plan mettra du temps, notre plan sera un succès", a martelé le ministre, qui avait confirmé la veille qu'"un nombre élevé d'arrivées" avait été observé "dans certains secteurs" avant l'expiration du "Titre 42".
Le président démocrate Joe Biden lui-même avait récemment affirmé que la situation serait "chaotique pendant un moment".
Le sénateur républicain du Texas Ted Cruz dénonce une décision "délibérée" de l'exécutif démocrate "d'ouvrir la frontière à ce qui n'est rien moins qu'une invasion".
L'Etat américain s'est préparé, avec plus de 24.000 agents et forces de l'ordre à la frontière en plus de 4.000 militaires.
Jeudi soir, un juge fédéral en Floride a bloqué une disposition qui devait permettre à la police aux frontières de relâcher -- sans expulser -- des migrants, quand bien même ils ne disposeraient pas d'un rendez-vous chez un juge pour décider de leur sort. Cette disposition devait permettre de faire face à davantage de personnes se présentant à la frontière.
Alejandro Mayorkas a dénoncé vendredi sur CNN un blocage "néfaste".
Les Nations Unies, exprimant des "inquiétudes" sur les règles de l'immigration américaine, soulignent cependant que le continent américain fait face à "une crise de déplacés sans précédent", appelant à "une coordination et des solutions régionales", selon les mots de Olga Sarrado, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
- Restrictions à l'asile -
Le "Titre 42", censé limiter la propagation du Covid-19, conférait la possibilité aux autorités américaines de refouler immédiatement tous les migrants entrés dans le pays, y compris les demandeurs d'asile.
De nouvelles restrictions au droit d'asile sont immédiatement entrées en vigueur vendredi.
Avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, devront désormais avoir obtenu un rendez-vous sur une application téléphonique centralisant les demandes, "CBP One", ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés.
Sinon, leur demande sera présumée illégitime et ils pourront faire l'objet d'une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée sur le sol américain.
Confrontés aux changements des dispositifs migratoires, aux rumeurs propagées par les passeurs et à une procédure en ligne complexe, les migrants qui s'entassent dans le Nord du Mexique témoignent d'un casse-tête, amplifié par les bugs fréquents de l'application.
A El Paso (Texas), des centaines de personnes entrées jeudi ont vu leur dossier traité et pu déposer une demande d'asile. Mais beaucoup d'autres ont été retenues par les gardes-frontières, parmi lesquels semblait régner une certaine confusion. "On ne sait pas", répond l'un d'eux lorsqu'on lui demande ce qui va arriver aux migrants qui ont pu passer.
burs-iba/ube/seb
T.Morelli--CPN