Coin Press - Beauvais: l'ex-petit ami de Shaïna, brûlée vive à 15 ans, devant la justice pour assassinat

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Beauvais: l'ex-petit ami de Shaïna, brûlée vive à 15 ans, devant la justice pour assassinat

Beauvais: l'ex-petit ami de Shaïna, brûlée vive à 15 ans, devant la justice pour assassinat

La famille attend "justice pour Shaïna", lui crie son innocence: le procès d'un jeune homme accusé d'avoir assassiné et brûlé vive à Creil en 2019 l'adolescente, probablement enceinte de lui et victime en 2017 d'agressions sexuelles, s'est ouvert lundi, à huis clos, devant la cour d'assises des mineurs de l'Oise.

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Soupçonné d'avoir attiré Shaïna, 15 ans, dans un cabanon pour la tuer puis brûler son corps, l'accusé, 17 ans à l'époque, doit comparaître jusqu'à vendredi. "Il conteste les faits, hurle son innocence", a déclaré son avocat, Me Adel Fares avant l'audience, à publicité restreinte.

Mince, visage juvénile et cheveux noués en chignon, l'accusé, soutenu par ses parents, fait face dans la salle à une dizaine de proches de Shaïna.

Un médecin sera également interrogé sur des blessures constatées sur l'accusé après les faits, attribué par lui à un frottement ou à de l'eczéma, alors que pour ce légiste elles évoquent des brûlures.

- Famille "admirable" -

A la mi-journée, Me Fares a salué le climat "serein" des débats, et l'attitude "absolument admirable" de la famille de Shaïna, tout en soulignant que son client, qui encourt la perpétuité si l'excuse de minorité est levée, était "terrifié".

A l'appel du frère aîné de la victime, Yasin Hansye, quelques dizaines de personnes s'étaient rassemblées en soutien à la famille devant le tribunal. "Nous sommes là pour que justice soit rendue à ma soeur", a affirmé Yasin Hansye.

Le 27 octobre 2019, le corps de l'adolescente est découvert presque entièrement calciné par les policiers, guidés par une rumeur.

Les expertises médico-légales révèleront de "multiples plaies" à l'arme blanche mais aussi qu'elle respirait encore au début du feu.

L'avant-veille, elle était sortie après un dîner familial. Dans son sac à main, ses proches retrouvent un test de grossesse positif.

Selon diverses expertises, l'adolescente, qui avait subi une IVG quelques mois plus tôt, entamait très probablement une nouvelle grossesse. D'après l'enquête, elle attribuait la paternité à l'accusé, avec qui elle entretenait une liaison.

Deux appels anonymes, puis le témoignage de l'ami de l'accusé orientent rapidement l'enquête. Le jeune homme raconte que le mis en cause lui a confié la nuit des faits avoir donné rendez-vous à Shaïna pour la tuer.

Il l'aurait poignardée une quinzaine de fois et aurait été blessé par un retour de flamme. Ce témoin livre des détails connus des seuls enquêteurs. Shaïna refusait d'avorter, révèle-t-il encore.

Des éléments de téléphonie incriminent aussi l'accusé, dont le portable, comme celui de Shaïna, a borné près du cabanon peu avant les faits.

- "Long calvaire" -

Un codétenu l'aurait entendu "dire fièrement" qu'il avait "tué sa copine, qui était +une pute+, qu'il avait +mise enceinte+", voulant éviter que sa famille l'apprenne. En prison, il disait "préférer prendre 30 ans qu'être le père d'un bâtard", selon un autre détenu.

Le crime pourrait être "une tentative désespérée" de préserver son image, dans un contexte "d'interdit culturel et religieux" lié à la sexualité, a estimé un expert psychologue.

Deux ans plus tôt, Shaïna avait été victime d'agressions sexuelles, pour lesquelles quatre autres jeunes de sa cité ont été condamnés jeudi en appel à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.

Pour Me Haeri, sa mort "est le point culminant d'un long calvaire", enclenché par cette affaire. Violentée dans une clinique désaffectée où son petit ami d'alors l'avait entraînée, Shaïna avait été filmée par ses agresseurs.

Des images diffusées sur Snapchat l'avaient exposée à un "dénigrement grandissant". Shaïna a été traitée "comme une chose, avec qui on couche, mais qu'on peut supprimer", déplore l'avocate.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le ministère de l'Intérieur.

H.Müller--CPN