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BCE : une quatrième baisse de taux en vue, la Suisse surprend
BCE : une quatrième baisse de taux en vue, la Suisse surprend / Photo: Daniel ROLAND - AFP/Archives

BCE : une quatrième baisse de taux en vue, la Suisse surprend

La Banque centrale européenne devrait abaisser à nouveau ses taux directeurs ce jeudi, le suspense résidant dans l'ampleur de la réduction alors que l'activité économique ne décolle pas et que les turbulences politiques en France et en Allemagne suscitent des inquiétudes.

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Avant la BCE, la banque nationale suisse (BNS) a créé la surprise en réduisant son taux directeur d'un demi-point de pourcentage pour le ramener à 0,50%, faisant valoir que "l'incertitude concernant les perspectives économiques s'est accrue durant ces derniers mois", selon un communiqué.

L'institution de Francfort annoncera sa décision à 13H15 GMT à l'issue d'une réunion de son conseil des gouverneurs présidée par Christine Lagarde.

Le scénario attendu par la majorité des observateurs est celui d'une baisse des taux de 0,25 point de pourcentage, comme les trois précédentes, pour ramener le taux de dépôt, qui fait référence, à 3%.

La légère hausse de l'inflation, à 2,3% sur un an en novembre, pourrait inciter les responsables de la BCE à la prudence. En même temps la progression de l'indice reste bien inférieure à la prévision de 2,6% au quatrième trimestre établie par la BCE.

Aussi, une baisse plus audacieuse de 0,5 point du loyer de l'argent pourrait être envisagée si les nouvelles projections économiques de l'institution monétaire, qui sont publiées également jeudi, reflètent "une forte dégradation de la croissance et une baisse rapide de l'inflation", estime Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG.

Si elle se concrétise, la quatrième baisse des taux par la BCE depuis juin amplifiera le tournant pris après une période de resserrement monétaire pour faire face à l'inflation élevée, liée à la guerre en Ukraine et la reprise post-Covid.

- Crises politiques -

Les turbulences politiques qui traversent deux principales économies de la zone euro, l'Allemagne et la France, sont également susceptibles de freiner la croissance.

En attendant un successeur au poste de Premier ministre après la chute du gouvernement Barnier, la France, économiquement fragilisée, est pour le moment sans budget pour 2025, avec un déficit public dérapant cette année à 6,1% du PIB.

Le ministre allemand des Finances, Jörg Kukies, s'est toutefois montré rassurant, soulignant la réaction "très calme" des marchés.

Si les conditions d'emprunt de la France se dégradaient trop, la BCE pourrait agir symboliquement via son Instrument de protection de la transmission, par des rachats de dette sur le marché, pour prévenir toute contagion à d'autres pays.

L'Allemagne est aussi en pleine période d'incertitude. Outre la crise industrielle qu'elle traverse, elle se dirige vers des élections anticipées en février, après l'effondrement de la coalition du chancelier social-démocrate Olaf Scholz en octobre.

Un retard dans la formation du futur gouvernement à Berlin compliquerait encore la reprise de la première économie européenne, fragilisée par un ralentissement industriel qui dure depuis deux ans et qui affecte déjà ses partenaires.

Le retour imminent de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiète par ailleurs, avec la mise en place d'une politique protectionniste qui pourrait freiner les exportations et donc la croissance de la zone euro.

- Nouvelle communication -

Aux États-Unis, l'inflation s'est accélérée en novembre, à 2,7% en glissement annuel, alimentant les craintes de voir la courbe rester sur cette trajectoire. De quoi compliquer la tâche de la Banque centrale américaine (Fed) qui se réunit la semaine prochaine.

Mme Lagarde devrait quant à elle expliquer jeudi "que les récentes données renforcent la confiance dans le fait que l'inflation se dirigera vers l'objectif de 2% de manière durable", estime Holger Schmieding, économiste chez Berenberg.

L'incertitude élevée a conduit depuis des mois la BCE à fixer son cap en se basant sur les données et réunion par réunion.

Cependant, avec la normalisation de l'inflation, sa communication pourrait redevenir plus "prospective", selon le gouverneur de la Banque de France.

Ce qui signifie qu'au lieu de dire que les taux resteront "restrictifs aussi longtemps que nécessaire" pour ramener l'inflation à l'objectif, une formulation plus souple dans le communiqué des décisions du jour "ouvrirait la voie à de nouvelles baisses l'année prochaine", selon HSBC.

U.Ndiaye--CPN