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Zone euro: l'inflation réaccélère et pourrait inciter la BCE à la prudence
Zone euro: l'inflation réaccélère et pourrait inciter la BCE à la prudence / Photo: Kenzo TRIBOUILLARD - AFP/Archives

Zone euro: l'inflation réaccélère et pourrait inciter la BCE à la prudence

L'inflation en zone euro a poursuivi son rebond en décembre, à 2,4% sur un an, ce qui pourrait pousser la Banque centrale européenne (BCE) à la prudence sans remettre en cause sa politique de baisse des taux d'intérêt.

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Après des mois de reflux, la hausse des prix à la consommation avait atteint en septembre son niveau le plus bas en trois ans et demi, à 1,7%, avant de remonter en octobre à 2%, soit exactement la cible visée par la BCE.

Alimentée par une légère poussée des tarifs de l'énergie, elle est depuis repassée légèrement au-dessus de cet objectif dans les 20 pays partageant la monnaie unique, progressant encore de 0,2 point en octobre, puis en décembre, un rythme conforme aux attentes des analystes, selon des chiffres publiés mardi par Eurostat.

Cependant, l'inflation sous-jacente - corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation -, qui fait référence pour les marchés et la Banque centrale européenne, est inchangée depuis septembre à 2,7%.

Globalement, la hausse des prix dans la zone euro s'est très nettement calmée depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, quand les tarifs de l'énergie flambaient dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Cette tendance a permis à la BCE de baisser ses taux d'intérêt à quatre reprises depuis juin.

Christine Lagarde, qui préside l'institution basée à Francfort, a d'ailleurs tenu des propos rassurants en présentant ses bons voeux pour la nouvelle année dans une vidéo postée sur X le 1er janvier.

- "Des progrès significatifs" -

"Nous avons fait des progrès significatifs en 2024 dans la réduction de l'inflation et nous espérons que 2025 sera l'année où nous atteindrons l'objectif prévu et planifié dans notre stratégie", soit la fameuse cible de 2%, a soutenu Mme Lagarde.

Pour endiguer la hausse des prix, l'institution monétaire avait augmenté les coûts d'emprunt à un rythme sans précédent à partir de juillet 2022, au prix d'un fort ralentissement de la croissance économique.

Désormais, ce n'est plus tant l'inflation que la croissance qui inquiète, alors que la zone euro s'est enlisée dans la stagnation.

L'assouplissement monétaire doit permettre de relancer le crédit immobilier et les prêts aux entreprises. Rien n'indique qu'il soit remis en cause, même si Christine Lagarde devrait avancer prudemment pour ne pas nourrir un nouveau cycle de hausse de prix.

Le récent rebond de l'inflation "n'empêchera pas la BCE de réduire encore ses taux d'intérêt", estime Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics.

La hausse globale des prix à la consommation en décembre résulte essentiellement d'une progression de 0,1% sur un an des tarifs de l'énergie, alors qu'ils avaient baissé de 2% en novembre.

L'inflation sectorielle dans les services s'est légèrement accélérée à 4% (+0,1 point par rapport au mois précédent).

Mais ces mouvements sont jugés temporaires.

La hausse des prix des biens industriels a d'ailleurs ralenti en décembre (+0,5% après +0,6%), tandis que celle des produits alimentaires est restée stable par rapport à novembre, à 2,7% sur un an.

"L'inflation des services semble rester bloquée autour de 4%" ce qui poussera les responsables de la BCE à agir "avec prudence", prévoit Jack Allen-Reynolds, qui table sur "des réductions par paliers de 0,25 point".

La BCE a justement abaissé ses taux directeurs de 0,25 point en décembre, faisant passer à 3,0% son taux de dépôt, qui sert de référence pour les conditions de crédit dans l'économie.

"Les pressions sur les prix étant toujours présentes" dans la zone euro, "la BCE agira avec prudence au cours des prochains mois", estime aussi Charlie Cornes, du Centre for Economics and Business Research (Cebr).

Cet expert prévoit que "la BCE ne réduira ses taux qu'une seule fois au cours du premier semestre de cette année", et que "les réductions supplémentaires seront concentrées sur la seconde moitié de 2025".

L.K.Baumgartner--CPN