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La France, menée par Paul Marcon, décroche le Bocuse d'Or, Graal de la gastronomie
Un "rêve de gosse" qui se réalise: l'Auvergnat Paul Marcon a arraché lundi pour la France le Bocuse d'Or, Graal de la gastronomie, devant des adversaires scandinaves historiquement redoutables, le Danemark et la Suède.
Les tribunes bondées étaient survoltées avant même l'annonce des résultats. Entre supporters, c'était à qui criait le plus fort dans cette salle du Sirha, le salon des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration qui a accueilli pendant deux jours ce combats de chefs à Chassieu, près de Lyon.
"Aujourd'hui, j'espère qu'on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France", a confié Paul Marcon à la presse, "fier" et visiblement ému aux côtés de sa commis Camille Pigot, également sacrée meilleure commis de l'édition.
Vingt-quatre pays se sont affrontés durant ces Jeux olympiques de la cuisine n'ayant rien à envier aux grandes compétitions sportives. Mental d'acier, gestes minutés, précis. Les chefs n'avaient pas droit à l'erreur pour monter sur les marches du podium.
Pour Paul Marcon, compétiteur hors-pair de 28 ans, l'objectif n'était "ni de se faire un prénom, ni de se faire voir, ni rien du tout". Seulement celui de réaliser ce qui a toujours été son "rêve de gosse" et ainsi décrocher une neuvième consécration pour la France.
Cette 20e édition du Bocuse d'Or rendait hommage à son fondateur, l'illustre chef lyonnais Paul Bocuse, disparu en 2018 à l'âge de 91 ans, grand amoureux des produits du terroir et du gibier.
Les candidats disposaient de 4H40 pour servir à l'assiette un mets sublimant le céleri, le maigre et le homard. En parallèle, ils ont 5H30 pour réaliser un plateau, composé d'un plat et de trois garnitures, autour du chevreuil, du foie gras et du thé. Tous devaient mettre l'identité de leur pays à l'honneur.
La prestation de la France ? "C'était ciselé, c'était propre, c'était net", a chaudement salué le chef français Davy Tissot, président du Comité international d'organisation du Bocuse d'Or et lui même vainqueur en 2021.
- "redescendre du Terre" -
Dimanche, puis lundi, c'est tout un essaim de toques blanches qui a poché, flambé, déglacé, avec des mouvements quasi automatiques.
"On connaît notre partition par cœur", soulignait Paul Marcon en amont du jour J, qui obtient aujourd'hui "la récompense d'un travail de deux ans, même plus".
Ni la ferveur des supporters en tribunes, ni les nuées de caméras circulant à travers les îlots n'ont su déconcentrer la crème de la cuisine de compétition, qui s'est affairée aux fourneaux sans relâche.
Dans les gradins, Magnus Rosendahl, 25 ans, plaçait toute sa confiance dans le chef danois Sebastian Holberg, vainqueur de la sélection européenne. Il espérait pour le Danemark un quatrième sacre au concours, un doublé après la victoire de 2023. "Je veux l'aider à réaliser ses rêves", avait-il dit à l'AFP, frappant sans discontinuer sur son tambour, dans un nuage de confettis.
À l'annonce des résultats, la salle a tout de même rugi de joie en voyant les Danois monter sur la deuxième marche du podium, juste au-dessus de la Suède, puis de la Norvège, redoutable candidat (cinq victoires) qui cette année a dû se contenter d'une quatrième position.
Si les pays scandinaves sont aussi dangereux, c'est parce qu'ils ont "compris cette finesse, cette élégance, ce raffinement" nécessaires pour briller sur cette coupe du monde, avait estimé auprès de l'AFP Romuald Fassenet, président de la Team France, et membre du jury.
Selon lui, la menace ne venait toutefois pas seulement du Nord, mais de "partout". "C'est comme au football, où on veut toujours battre le Brésil. Au Bocuse d'Or: on veut battre la France !", avait-il lancé.
La suite pour Paul Marcon ? "Je ne sais pas, je vais déjà savourer un peu, on verra plus tard", a-t-il répondu à la presse. Pour l'instant, "il faut redescendre sur Terre, et retourner au travail".
D.Avraham--CPN