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En Espagne, le torchon brûle entre Ryanair et le gouvernement Sánchez
En Espagne, le torchon brûle entre Ryanair et le gouvernement Sánchez / Photo: Pau BARRENA - AFP/Archives

En Espagne, le torchon brûle entre Ryanair et le gouvernement Sánchez

"Chantage", "ton insolent", "communiste fou": en conflit sur la facturation des bagages et le niveau des redevances aéroportuaires, Ryanair et le gouvernement espagnol multiplient les invectives, en plein bras de fer sur la desserte du pays par la compagnie low-cost.

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Rien ne va plus entre le numéro un européen du secteur aérien en nombre de passagers et l'Espagne, l'un des principaux marchés de la compagnie derrière l'Italie et le Royaume-Uni, pesant 2,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier.

A l'origine de cette brouille: l'annonce fin novembre, par le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez, d'une amende de 179 millions d'euros imposée à cinq compagnies, dont 107 millions pour Ryanair, accusées de pratiques abusives dans la facturation des sièges et des bagages à main.

Cette décision, prise après une plainte de l'association de consommateurs Factua, est "un message très clair" pour le secteur aérien, avait alors souligné le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, estimant qu'"aucune entreprise" ne devait être "au-dessus des lois".

Interrogé mercredi lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le patron de Ryanair Michael O'Leary a épinglé la décision de l'Espagne, qualifiant M. Bustinduy de "communiste fou". "Les avions sont pleins, nous ne pouvons pas transporter un nombre illimité de bagages à main", a-t-il lancé.

Une attaque aussitôt dénoncée par le ministre, qui a assuré "défendre les droits des consommateurs" espagnols. "Aucune pression, aucun chantage et certainement aucune insulte ne me fera arrêter", pas même venant d'"un magnat milliardaire", a-t-il assuré.

Ces échanges houleux sont survenus en pleine épreuve de force entre Madrid et le groupe irlandais, qui a annoncé mi-janvier la suppression de 800.000 places d'ici l'été prochain sur sept de ses liaisons avec l'Espagne, soit une baisse de 18% de son activité dans ce pays.

En cause cette fois-ci, selon la compagnie: le niveau "excessif" des redevances réclamées aux compagnies aérienne par le gestionnaire aéroportuaire Aena, détenu à 51% par l'Etat espagnol et propriétaire de 46 aéroports dans le pays.

- "Agressif et menaçant" -

Malgré le gel décidé en 2021 par le gouvernement, "Aena persiste dans ses augmentations injustifiées de taxes", a accusé dans un communiqué Ryanair, qui va supprimer ses liaisons avec Valladolid (nord) et Jerez (sud) et réduire sa desserte de "cinq autres aéroports régionaux".

Cette décision a entraîné une réponse courroucée d'Aena, qui a assuré que ses redevances étaient "parmi les plus basses d'Europe" et accusé Ryanair de vouloir "utiliser gratuitement une grande partie des aéroports espagnols", ce qui "briserait leur viabilité financière".

"Aena invite cordialement Ryanair à se calmer et à abandonner" sa stratégie de communication "agressive et menaçante, qu'il est très difficile de ne pas interpréter comme un chantage", a poursuivi le gestionnaire d'aéroport dans un communiqué.

Pris à partie dans un courrier par le directeur général de Ryanair, Eddie Wilson, qui souhaitait une réunion sur le sujet avant le 30 janvier, le ministre des Transports Oscar Puente est à son tour entré dans la polémique en demandant à Ryanair de "repenser sa position".

"J'exprime mon désaccord avec le ton menaçant et quelque peu insolent de la lettre que vous m'avez envoyée en tant que PDG de Ryanair", a déclaré M. Puente dans un courrier dont des extraits ont été publiés mercredi par le quotidien économique Cinco Dias.

"La politique de transport et d'infrastructure de notre pays est définie exclusivement par le gouvernement espagnol et est au service de l'intérêt général, et non de l'intérêt particulier de compagnies spécifiques", fait-il valoir dans cette lettre.

Ryanair avait déjà annoncé ces derniers mois réduire sa desserte de l'Allemagne en raison d'une hausse des redevances aéroportuaires. Il a également menacé de ne plus desservir dix aéroports français pour protester contre une hausse des taxes sur le transport aérien.

La compagnie irlandaise, qui a dégagé 1,92 milliard d'euros de bénéfices en 2023/2024, affronte des vents contraires depuis plusieurs mois, entre les retards de livraison de ses appareils Boeing 737MAX qui limitent ses capacités et la baisse de la demande, qui affecte sa rentabilité.

X.Wong--CPN