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Ariane 6 prête à décoller pour sceller la souveraineté spatiale européenne
Ariane 6 prête à décoller pour sceller la souveraineté spatiale européenne / Photo: JULIEN DE ROSA - AFP

Ariane 6 prête à décoller pour sceller la souveraineté spatiale européenne

La fusée Ariane 6 est sur la dernière ligne droite avant de décoller pour son premier vol commercial avec un satellite militaire, une mission visant à sceller la souveraineté retrouvée de l'Europe spatiale dans un contexte de revirement des Etats-Unis qui se rapprochent de la Russie.

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Sous une fine pluie tropicale, le portique a été retiré et Ariane 6 s'est dévoilée sur son pas de tir à Kourou, en Guyane française, dans la nuit de dimanche à lundi, quelques heures avant le décollage.

Après plusieurs reports, la fusée lourde européenne doit s'envoler à 13H24, heure locale (16H24 GMT).

Face à l'entrée dans le gouvernement américain d'Elon Musk, qui domine déjà l'espace avec SpaceX, et au changement de cap affiché des Etats-Unis envers ses alliés occidentaux, cette mission revêt une importance stratégique.

"On ne peut pas avoir de politique spatiale aujourd'hui sans avoir les moyens d'envoyer nos satellites dans l'espace de façon autonome", a déclaré à l'AFP Lionel Suchet, PDG par intérim du Cnes, l'agence spatiale française.

- "Coups de boutoir" de Musk -

"Cela fait déjà plusieurs années que nous sommes confrontés à SpaceX, à Elon Musk et à ses positionnements parfois très agressifs, rendus possibles par un soutien public massif des Etats-Unis. Ce qui est en revanche fondamentalement nouveau, c'est sa double casquette (...) Je m'attends à des coups de boutoir pour les lanceurs, pour les satellites et pour les télécoms", a déclaré dans une interview à La Tribune Philippe Baptiste, ministre de la Recherche et ancien patron du Cnes.

Dans ce contexte, "le concept d'autonomie stratégique, un temps moqué comme une lubie française, est au cœur de l'Europe de demain", a-t-il ajouté.

Le satellite CSO-3 (pour "composante spatiale optique"), qui sera placé sur une orbite à 800 kilomètres, va compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la Défense.

Cette mission est importante pour l'armée française car le CSO-3, dont la présence en orbite va améliorer les capacités de renseignement, attend depuis 2022 d'être lancé.

Ces satellites "sont des appareils photo en orbite qui prennent des images à la fois dans le visible et dans l'infrarouge (de nuit, ndlr) partout sur le globe qui est très important pour l'opération militaire", a déclaré à l'AFP Michel Sayegh, responsable de la direction générale de l'armement (DGA).

Le fait d'avoir ce troisième et dernier satellite en orbite augmente le taux de revisite, c'est-à-dire permet de voir plus souvent "la même zone au sol" - deux fois par jour au lieu d'une -, explique Bertrand Denis, vice-président de Thales Alenia Space, qui fabrique l'instrument optique pour ces satellites.

Les deux premiers satellites déjà positionnés, CSO-1 et CSO-2, avaient été envoyés en 2018 et 2020 par des Soyouz russes.

"C'est toujours mieux d'avoir un lanceur à soi", a souligné auprès de l'AFP le général Philippe Steininger, auteur du livre "Révolutions spatiales" et conseiller défense du Cnes.

- 32 lancements prévus -

Après le vol inaugural réussi d'Ariane 6 en juillet, un an après le dernier d'Ariane 5, ce premier lancement embarquant un satellite commercial doit sécuriser l'accès autonome de l'Europe à l'espace dont elle a été privée pendant plusieurs mois, ne pouvant plus disposer de Soyouz depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022.

L'autre fusée européenne légère, Vega-C, n'a repris les vols qu'en décembre 2024, après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d'un accident ayant entraîné la perte de satellites.

Initialement envisagée en décembre, puis fixée au 26 février, la mission d'Ariane 6 avait finalement été reportée à ce lundi, une pratique courante dans le secteur spatial.

"Cette mission est tout aussi importante qu'un vol inaugural. Il faut les réussir", a souligné auprès de l'AFP Carine Leveau, directrice du transport spatial au Cnes.

Ce vol opérationnel sera le premier des 32 que compte le carnet de commandes d'Ariane 6, offrant des années d'activité au centre spatial de Kourou.

"Le monde entier nous regarde. (...) Les clients et opérateurs de télécommunications par satellite sont impatients qu'Ariane 6 arrive en exploitation et soit un succès", avait indiqué le nouveau patron d'Arianespace David Cavaillolès à l'AFP en février.

P.Kolisnyk--CPN