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Prix de l'électricité: la guerre commerciale se tend entre industriels et EDF
Prix de l'électricité: la guerre commerciale se tend entre industriels et EDF / Photo: MIGUEL MEDINA - AFP/Archives

Prix de l'électricité: la guerre commerciale se tend entre industriels et EDF

La tension est montée d'un cran vendredi entre les gros industriels et EDF dans le feuilleton sur le prix de l'électricité jugé trop élevé par les premiers qui disent jouer leur "survie", alors que l'électricien assure ne "pas croire" à des délocalisations" liées aux factures de courant.

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Des fonderies d'aluminium à la chimie, les industriels français les plus gourmands en électricité, dont certains se disent menacés dans leur "survie" par les prix trop élevés de l'énergie, s'inquiètent d'une nouvelle initiative de l'électricien national.

EDF a annoncé jeudi qu'elle allait proposer des contrats à long terme adossés à sa production nucléaire à travers un système d'enchères européennes pour livrer de l'électricité en France à des entreprises de taille significative de tous secteurs (centres de données, transports...) et à des fournisseurs d'électricité.

Cette annonce a eu l'effet d'une douche froide pour l'association Uniden qui représente les industriels les plus consommateurs d'énergie: elle a dénoncé une "attitude incompréhensible" d'EDF avec qui les négociations tarifaires s'enlisent depuis plus d'un an.

En cause: un prix au mégawattheure (MWh) jugé trop élevé pour garantir leur compétitivité face à une féroce concurrence américaine et chinoise.

EDF "préfère clairement vendre aux plus offrants plutôt qu'à ceux qui en ont besoin", tempête l'Uniden.

Depuis novembre 2023, les industriels sont engagés - après accord avec l'Etat - dans un bras de fer commercial avec EDF pour des contrats de long terme dits d'allocation de production nucléaire (CAPN) qui remplaceraient les tarifs d'électricité à prix cassé dont ils bénéficient jusqu'à fin 2025, date d'extinction du système dit Arenh.

Pour "l'après-Arenh", EDF avait proposé des contrats de moyen et long terme à destination des entreprises, avec l'objectif d'atteindre un prix moyen de 70 euros sur 15 ans pour un mégawattheure de son électricité nucléaire.

Une offre mal reçue par la cinquantaine de gros industriels de l'aluminium, de la chimie, l'acier ou du verre, habitués à payer 42 euros du MWh, une partie de leurs électrons.

Après des mois de négociations bilatérales secrètes entre l'électricien et ces grands clients, le ministère de l'Energie a regretté jeudi soir qu'un seul contrat ferme ait été signé à date.

- "Chapeau trop grand" -

Depuis des mois, l'Etat et unique actionnaire d'EDF, fait pression pour qu'elle conclue plus de contrats alors que les industriels agitent la menace de délocalisations, notamment dans la chimie.

Argument contré par EDF, qui admet les problèmes du secteur de la chimie, mais les attribue surtout au renchérissement du gaz.

"Il ne faut pas essayer de faire porter à l'électricité un chapeau trop grand pour elle", a réagi vendredi auprès de l'AFP le directeur executif chargé du pôle clients, Marc Benayoun.

EDF a par ailleurs essayé d'éteindre l'incendie, soulignant que son nouveau système d'enchères s'ajoutait aux discussions en cours mais ne les remplaçait pas. Les negociations "se poursuivent" avec les industriels, a assuré M. Benayoun.

Il se dit optimiste sur les chances de signer bientôt "plusieurs contrats" à long terme avec des industriels, issues de "dix" lettres d'intention, contre neuf jusqu'à présent.

Selon lui, l'électricien devrait transmettre "la semaine prochaine" un "dossier complet" au gouvernement pour tirer un premier bilan. Il a reconnu au passage qu'EDF aura signé "moins de CAPN que prévu".

Mais il a annoncé à l'AFP un "deuxième gros contrat" long terme, après le premier dévoilé par le PDG d'EDF Luc Rémont fin février. M. Benayoun a indiqué que ce premier contrat avait été signé avec un industriel de la chimie, sans révéler l'identité du deuxième.

Le dirigeant assure que "tous vont trouver une solution avant début 2026", et que les contrats long terme ne sont qu'une des solutions.

Les industriels peuvent aussi se tourner vers les marchés qui "sont très attractifs aujourd'hui: (...) A 4 ans, sur 2026-29, le prix tourne autour de 60 euros le MWh" alors qu'il était à 85 euros fin 2023" au début des discussions, quand Bruno Le Maire était le locataire de Bercy.

L'ex-ministre de l'Economie est sorti de son silence sur le réseau social "X" pour prendre fait et cause pour les industriels en estimant que le projet d'enchères d'EDF "affaiblirait l’industrie française".

M.Mendoza--CPN