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Hôpital: nouvelle mobilisation dans toute la France sous le signe de l'urgence
En pleine crise des urgences et à quelques jours des législatives, les personnels hospitaliers manifestaient mardi dans plusieurs dizaines de villes en France pour réclamer des hausses de salaires et d'effectifs sans attendre le résultat de la "mission flash" commandée par Emmanuel Macron.
Pour cette première journée d'action du second quinquennat Macron, neuf syndicats et collectifs de soignants organisent des rassemblements dans au moins cinquante villes.
A Paris, les manifestants sont attendus devant le ministère de la Santé à partir de 13H30.
D'autres actions ont lieu, souvent devant les hôpitaux, comme à Grenoble où plus de 200 personnes se sont rassemblées dans la matinée devant le CHU selon les syndicats, qui ont dénoncé dans un communiqué leurs conditions de travail "extrêmement dégradées", entraînant "une perte de chance réelle pour les personnes nécessitant des soins".
A Strasbourg également, "aucun service n'est épargné, l'hôpital public est en train de mourir par manque de moyens", a affirmé le responsable local de la CGT, Pierre Wach, lors d'une conférence de presse.
La mobilisation touche aussi de plus petites localités comme Aurillac, Epernay ou Cherbourg, où Emmanuel Macron est venu la semaine dernière annoncer une "mission flash" sur les services d'urgences.
Car c'est bien là que le feu couve: faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte fin mai de l'association Samu-Urgences de France. C'est d'ailleurs son président François Braun qui devra rendre les conclusions de la "mission flash" à l'Elysée d'ici fin juin.
Mais pour son opposante Marine Le Pen, "cette mesure n'a qu'un seul intérêt, c'est d'enjamber l'élection législative" des 12 et 19 juin. L'ex-finaliste (RN) de la présidentielle a dénoncé mardi sur franceinfo "une forme d'escroquerie politique" et accusé le chef de l'Etat réélu de n'avoir "strictement rien fait" durant son premier mandat pour l'hôpital qui "s'effondre sous nos yeux".
La méthode ne convainc pas non plus le premier syndicat français: "Le temps des enquêtes est dépassé", affirme le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans une tribune dans Libération. Il y réclame "des négociations urgentes sur l'organisation du travail" pour remettre sur pied un hôpital "au bord du KO".
- "Secouer les tabous" -
Sur le terrain, le temps presse: "On risque d'être dans une situation très, très problématique cet été" et "je crains fort qu'il y ait des drames", a alerté sur RTL le chef des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis), Frédéric Adnet.
Attendu au tournant, M. Braun a assuré la semaine dernière qu'il n'entendait pas produire "un énième rapport" mais bien "rédiger l'ordonnance" attendue par les hospitaliers, ajoutant avoir "déjà des pistes".
Certaines figurent dans un courrier envoyé à la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, le jour de sa nomination et publié sur le site internet de Samu-Urgences de France.
Elles sont parfois consensuelles, comme la revalorisation du travail de nuit et du weekend, "très pénible" mais majoré de seulement un euro de l'heure pour les infirmières, ce qui est "complètement aberrant", souligne-t-il.
D'autres idées inquiètent, comme l'obligation d'appeler le 15 pour filtrer l'accès aux urgences, mise en oeuvre à Cherbourg ou à Bordeaux.
Un scénario "injouable" pour Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui prédit une explosion des appels vers des Samu "déjà débordés". Avec un risque de perte de chance pour les patients.
L'option a toutefois des défenseurs dans la majorité, à l'instar du député de Charente Thomas Mesnier, lui aussi urgentiste, qui a jugé nécessaire dans le Journal du dimanche de "se remettre en mode gestion de crise pour passer le cap de l'été", quitte à "recentrer" ces services "sur leur vrai métier, les urgences vitales".
Désireux de "secouer les tabous", l'élu plaide même pour des "Smur sans docteurs", avec seulement des infirmiers dans l'ambulance pour pallier l'absence de praticiens par endroits, et suggère de transformer en "antennes de jour" les services d'urgence que "nous ne parvenons plus à maintenir ouverts" en permanence.
P.Kolisnyk--CPN