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La Banque d'Angleterre prévoit une nouvelle hausse de taux musclée face à l'inflation
Confrontée à une inflation qui persiste au Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre devrait annoncer jeudi une nouvelle hausse substantielle de son taux directeur, quitte à étouffer la croissance que le gouvernement tente de ranimer.
L'institut monétaire devrait donc au moins relever ses taux à 2,25% soit une hausse de 0,5 point de pourcentage, comme en août, ce qui était une première depuis 1995.
Certains économistes estiment même qu'elle pourrait emboîter le pas à la Banque centrale européenne (BCE) et à la Réserve fédérale américaine (Fed) en montant son taux de 0,75 point, comme les deux plus grandes banques centrales l'ont fait en septembre.
Dans une journée chargée pour les banquiers centraux, les instituts monétaires de Norvège et de Suisse ont également relevé leurs taux jeudi, de 0,5 point pour la première et de 0,75 point pour la banque centrale suisse qui met ainsi fin à plus de sept années de taux négatif.
La Banque du Japon s'est distinguée en maintenant jeudi une politique monétaire ultra-souple, entraînant une plongée du yen face au dollar et une intervention du gouvernement nippon pour soutenir la devise.
Au Royaume-Uni, ce serait le plus fort tour de vis de la politique monétaire depuis trois décennies.
À 9,9% sur un an en août, un record parmi les pays du G7, l'inflation plombe l'économie britannique et menace de plonger le pays dans une récession en 2023, selon les dernières prévisions de la BoE.
Paul Hollingsworth, analyste de BNP Paribas, juge "les arguments en faveur d'une hausse de 75 points de base plus probants que ceux pour une hausse de 50 points".
– Pressions gouvernementales –
"L'information cruciale depuis la dernière réunion est le projet de mesures budgétaires de la nouvelle Première ministre Liz Truss, qui devrait limiter l'inflation à court terme mais la doper à moyen terme", ajoute-t-il.
Le nouveau chancelier de l'Échiquier Kwasi Kwarteng doit détailler vendredi un plan d'aide aux ménages et aux entreprises qui devrait inclure notamment un gel du prix de l'énergie et devrait coûter plus de 100 milliards de livres.
Si cela va mécaniquement entraîner une baisse des prix et donc de l'inflation, la mesure pourrait pousser les ménages à consommer plus et donc la doper à plus long terme, amenant la BoE à se montrer plus ferme.
La banque centrale risque donc d'agir à contre-courant du gouvernement en place alors que les reproches s'accumulent contre l'institut monétaire, critiquée notamment par Liz Truss et par Kwasi Kwarteng pour n'avoir pas empêché l'inflation de flamber au plus haut en 40 ans.
Durant sa campagne à la succession de Boris Johnson, Liz Truss a proposé de revoir le statut de la Banque d'Angleterre, dont l'indépendance date de 1997. Elle estimait alors que la BoE aurait dû agir plus tôt, même si les hausses de taux ont commencé dès fin 2021 au Royaume-Uni, avant celles de la Fed et de la BCE.
Le gouverneur de la banque centrale Andrew Bailey s'était défendu début septembre, estimant que l'inflation était surtout due au fait que le Royaume-Uni est "lourdement exposé" à la flambée des prix du gaz en raison de sa dépendance à cette source d'énergie, dont l'offre est plombée par la guerre en Ukraine et la limitation des exportations russes.
– Poids de la dette –
Désormais, le gouvernement pourrait au contraire reprocher à la banque centrale des hausses des taux qui rendent les emprunts plus coûteux pour les Britanniques mais également pour l'État.
Dans ce contexte, les analystes de Barclays estiment que la BoE s'en tiendra à une hausse de 0,5 point et pourrait commencer d'ici la fin de l'année à signaler un ralentissement de son resserrement de politique monétaire.
Autre question sur la table, l'institut monétaire britannique pourrait annoncer le début des ventes nettes de la dette qu'elle détient dans le cadre de son programme massif de rachats d'actifs (quantitative easing ou QE), afin de réduire son bilan gonflé par la pandémie.
Le comité de politique monétaire avait évoqué des ventes d'obligations représentant 80 milliards de livres sur un an à partir de septembre, ce qui risquerait de rendre encore moins attractive la dette émise par l'État.
Si des indications sur les perspectives d'inflation devraient figurer dans le communiqué de la BoE, les prévisions précises de l'institut monétaire ne seront pas actualisées avant la réunion d'octobre.
En août, la BoE prévoyait un pic de l'inflation à 13% en octobre et une récession en 2023.
A.Agostinelli--CPN