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Après ses excuses, tout reste à faire pour Liz Truss
Après ses excuses, tout reste à faire pour Liz Truss / Photo: - - PRU/AFP

Après ses excuses, tout reste à faire pour Liz Truss

Après ses excuses pour ses "erreurs" et après l'humiliation de l'abandon de son programme économique, la Première ministre britannique Liz Truss doit convaincre mardi de sa capacité à rester à Downing Street.

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"En poste mais pas au pouvoir", titre mardi le Daily Mail. "Humiliée", écrit de son côté le tabloïd de gauche The Mirror.

La mise en pièces lundi des baisses d'impôts promises par le tout nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt ont ramené un semblant de calme sur les marchés financiers. Mais sur le plan politique, Liz Truss sort de l'épisode avec son autorité en lambeaux, contrainte d'appliquer une politique qu'elle rejetait encore récemment, impopulaire comme rarement l'a été un dirigeant britannique et ouvertement contestée par une partie de sa majorité après seulement six semaines en poste.

"Il est difficile de concevoir une crise politique et économique plus grave", écrit le journal conservateur le Daily Telegraph, qui se demande si sa majorité, mal en point après 12 ans au pouvoir est "prête à lui donner du répit".

- Popularité en berne -

Après trois jours de silence pendant lesquels Jeremy Hunt est apparu comme l'homme aux commandes, Liz Truss a admis lundi soir sur la BBC "des erreurs".

La Première ministre conservatrice a promis de les "réparer", en se disant "désolée" et assuré vouloir rester en poste pour mener la campagne des prochaines élections prévues dans deux ans, malgré des sondages calamiteux face à l'opposition travailliste.

D'après l'institut YouGov, un Britannique sur dix a une opinion favorable de la Première ministre. Ce pourcentage grimpe seulement à 20% chez les électeurs du parti conservateur.

Et 55% des membres de cette formation politique estiment que Liz Truss devrait démissionner alors que 38% souhaitent qu'elle reste en poste. Un tiers voudraient que Boris Johnson revienne au pouvoir.

La présentation fin septembre de projets de baisses d'impôts massives et d'un soutien colossal aux factures énergétiques avaient fait craindre un dérapage des comptes publics.

La livre avait chuté à un plus bas historique et les taux d'emprunt à long terme de l'Etat avaient flambé. La Banque d'Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière.

Si un certain calme est revenu, les investisseurs restent nerveux: après un fort rebond lundi, la livre repartait en légère baisse mardi, tandis que les taux de la dette publique remontaient. Et les Britanniques, déjà confrontés à une chute historique de leur pouvoir d'achat, payent déjà les pots cassés avec des crédits immobiliers plus coûteux et les fonds de pensions gérant leurs retraites fragilisés.

- "Position intenable" -

"Tant de mal a déjà été fait", a critiqué Rachel Reeves, responsable des questions financières au "Labour", estimant que des excuses ne suffisent pas. Le chef de ce parti Keir Starmer a jugé que le gouvernement n'avait désormais "pas de politique économique" après avoir "démoli" ses projets annoncés fin septembre.

Mais dans l'immédiat, Liz Truss va devoir gagner la confiance de son propre parti, où les appels à la démission se sont multipliés. Un premier test politique majeur l'attend mercredi avec sa séance hebdomadaire de questions-réponses au Parlement.

"Sa position est intenable", a déclaré le député Charles Walker. Cette situation "peut seulement être corrigée" avec "un nouveau Premier ministre".

Liz Truss ayant refusé de démissionner et faute de remplaçant évident, il n'est pas facile de l'évincer pour les Tories. Ben Wallace, le ministre de la Défense qui fait figure de potentiel successeur, et le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt ont dit qu'ils n'étaient pas intéressés.

- "Ses propres funérailles" -

La journée de lundi a ressemblé à un chemin de croix pour Liz Truss.

Jeremy Hunt a annoncé qu'il abandonnait "presque toutes" les mesures budgétaires annoncées par son prédécesseur.

Liz Truss a ensuite envoyé la ministre Penny Mordaunt, chargée des relations avec le Parlement, répondre à l'opposition à la chambre des Communes. Puis elle s'est assise, silencieuse, le visage fermé, à Westminster aux côtés du chancelier de l'Echiquier.

"C'était atroce à regarder", écrit le Times. "Liz Truss était comme une personne en deuil à ses propres funérailles", pour le Sun.

H.Meyer--CPN