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En Tunisie, de jeunes passionnés aident des rapaces à retrouver la vie sauvage
En Tunisie, de jeunes passionnés aident des rapaces à retrouver la vie sauvage / Photo: FETHI BELAID - AFP

En Tunisie, de jeunes passionnés aident des rapaces à retrouver la vie sauvage

Il y a quelques mois encore, l'aigle royal était incapable de voler, cloué au sol avec ses ailes coupées, probablement par des braconniers. Aujourd'hui, il s'élance dans un vol majestueux au-dessus d'un pic rocheux, dans un rare relâcher attendu avec impatience par des bénévoles tunisiens.

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Une quarantaine de jeunes passionnés - vétérinaires, naturalistes, simples amateurs de nature - consacre son temps libre au programme "ResQ", lancé il y a deux ans par l'Association tunisienne de la vie sauvage (ATVS) pour secourir des animaux sauvages blessés, en soigner d'autres saisis chez des trafiquants et sensibiliser l'opinion publique.

Ridha Ouni, président de l'Association d'ornithologie tunisienne, a choyé le grand rapace depuis sa confiscation chez un particulier en juillet 2024 à Gabès, dans le sud du pays. Cet expert en biodiversité a monté un centre de réhabilitation avec les moyens du bord dans sa ferme de Sidi Thabet, à l'ouest de Tunis.

A côté de ses poules qui caquettent, une dizaine de faucons, de busards ou de milans se pressent les uns contre les autres dans une volière, en attendant que leurs ailes - coupées pour les empêcher de voler - se régénèrent.

La majorité des animaux présents, parfois des fennecs ou des loups, proviennent de confiscations de la Direction générale des forêts.

- "Exceptionnel" -

"Aquila", l'aigle libéré ce dimanche-là au mont Sidi Zid, à 50 kilomètres de Tunis, était prêt pour le grand départ car il préparait un nid, explique à l'AFP Ridha Ouni, notant qu'il a été relâché dans une zone idéale pour trouver proies et femelles.

En plus, "c'est la période de migration de l'Afrique centrale vers l'Europe, la meilleure période. S'il trouve une partenaire, l'an prochain on le reverra peut-être ici avec ses aiglons", s'enthousiasme cet autodidacte de 60 ans.

Jamila Bouayed, directrice de l'ATVS, âgée de 32 ans, déborde d'émotion: "réhabiliter un animal sauvage puis le rendre à la nature, c'est exceptionnel".

Pour Maha Clostio, une Tuniso-Américaine de 27 ans en dernière année d'études vétérinaires, voir "Aquila" retrouver la liberté a une saveur particulière.

"J'ai fait partie de l'équipe de vétérinaires de l'ATVS qui l'a sauvé quand nous étions dans le sud pour relâcher un fennec. Ça a été un long parcours pour qu'il redevienne fort et en bonne santé", sourit-elle, se souvenant d'un oiseau déshydraté, ailes coupées, serres blessées.

Son relâcher est seulement le quatrième d'un grand rapace en deux ans de ResQ, après un autre aigle royal et deux vautours.

Mais sur la même période, le centre de M. Ouni a "accueilli plus de 200 individus" repartis dans la nature.

- "Un grand parcours" -

L'objectif d'un tel relâcher est de stabiliser la population d'aigles royaux dans le pays "qui ne compte que 50 couples, un chiffre choquant" pour M. Ouni.

En Tunisie, en raison de la dégradation de son habitat naturel mais aussi du braconnage et de la chasse, l'aigle royal est sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature des espèces en danger.

Habib Rekik, un informaticien responsable de ResQ, filme toutes les opérations avec sa GoPro pour sensibiliser le public: "peu de gens ici savent que ces animaux sont protégés par la loi, qu'ils doivent rester dans la nature, pas dans des cages ou des jardins. Il y a un grand parcours à faire".

Il s'inquiète aussi de voir tous les week-ends des touristes se faire photographier avec des faucons à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

"Si vous voulez voir un rapace, regardez des documentaires ou allez dans la nature avec des jumelles", s'énerve M. Rekik, en appelant à boycotter les braconniers alimentant le commerce illégal.

Avoir autant de jeunes dans l'ATVS est un atout pour populariser ses actions, qui ont un coût car "un aigle royal, ça consomme 500 grammes de viande par jour et la viande est très chère en Tunisie", souligne M. Ouni.

A l'initiative de ses jeunes membres, l'ATVS, qui dépend entièrement de dons privés, s'est lancée sur Instagram et sur des plateformes de financement participatif.

Prochains objectifs: rénover les volières de M. Ouni et créer un espace à des fins d'éducation environnementale.

D.Goldberg--CPN