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"Je vais vivre mon rêve de gosse": un Français s'apprête à aller dans l'espace
"Je vais vivre mon rêve de gosse": un Français s'apprête à aller dans l'espace / Photo: Géraldine Chiron - North Communication/AFP/Archives

"Je vais vivre mon rêve de gosse": un Français s'apprête à aller dans l'espace

Il est arrivé au Texas, a vérifié sa combinaison de vol et s'apprête à réaliser son "rêve de gosse": l'entrepreneur français Sylvain Chiron, 52 ans, doit décoller dimanche à bord d'une fusée de l'entreprise américaine Blue Origin pour un voyage de quelques minutes dans l'espace.

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"Je n'aurais jamais imaginé pouvoir faire ça", a confié à l'AFP vendredi ce Savoyard, à deux jours du lancement tant attendu. "On va être astronautes pendant 15 minutes, donc un peu astronautes en chocolat, mais astronautes quand même!"

Les vols de Blue Origin, société fondée par le milliardaire Jeff Bezos, sont courts mais permettent aux passagers d'admirer la courbure de la Terre et de flotter brièvement dans la capsule. Au total, 31 personnes, ont déjà fait le voyage avec cette fusée nommée New Shepard.

Dimanche, une nouvelle mission emmènera de nouveau six personnes au-dessus des 100 km d'altitude, dont Sylvain Chiron.

"Ce matin, pour la première fois j'ai enfilé ma combinaison de vol, mon épouse m'a trouvé très beau en astronaute", a-t-il plaisanté au téléphone, avant d'enchaîner sur une journée de préparation comprenant notamment un simulateur de vol.

Ce qu'il attend avec le plus d'impatience? "Surtout la vue et le recul par rapport à la Terre", dit-il. "Cette sensation sans doute de quitter un peu le monde des Hommes, et de voir la Terre dans son ensemble, d'en haut, sans frontière, avec toute sa fragilité et sa beauté."

Une opportunité extrêmement rare: seuls dix astronautes français sont allés dans l'espace. En 2023, la franco-italienne Ketty Maisonrouge avait volé avec une entreprise concurrente de Blue Origin, Virgin Galactic.

- "Cher" mais pas "fou non plus" -

Le prix payé par passager pour ces billets ultra-convoités est gardé secret par Blue Origin.

"Oui c'est cher" mais "pas complètement fou non plus", lâche seulement Sylvain Chiron. "Il y en a qui achèteraient une jolie voiture rouge avec cet argent. Moi c'est permettre de vivre ce rêve là qui avait le plus d'écho chez moi".

Ce mordu de sensations fortes assure que "finalement, le côté financier est assez secondaire dans cette aventure". "Ils ont reçu des milliers de candidatures, des gens beaucoup plus riches que moi. Le tour de force, c'est surtout d'avoir réussi à décrocher une place", dit-il.

Comment est-il parvenu à être sélectionné? Grâce à un dossier reflétant sa "passion dévorante pour l'espace", estime Sylvain Chiron. Cela a dû les "convaincre que j'étais sans doute un bon candidat, bien plus que le montant du chèque".

Son espoir est de pouvoir devenir "une inspiration pour les jeunes": leur montrer qu'"il ne faut pas baisser les bras" et "poursuivre ses rêves". Un message qu'il communique en premier lieu à ses deux enfants de 14 et 15 ans, restés en France mais admiratifs.

"Papa part en fusée, ça le fait!", reconnaît l'entrepreneur en riant.

- Pas "dénué de risque" -

Déterminé dans sa jeunesse à devenir astronaute, Sylvain Chiron obtient son brevet de pilote privé dès 16 ans, puis part dans une académie militaire américaine l'été pour d'autres cours de pilotage.

Là, en Floride, il assiste à des décollages de la navette spatiale.

"C'était assez incroyable", se remémore-t-il. "On volait et on avait la navette qui était juste là" sur son pas de tir.

Il se réoriente finalement vers des études de commerce, toujours aux Etats-Unis, à l'université Temple à Philadelphie, mais aussi au Japon.

Durant son service militaire, "en pur Savoyard", il est moniteur de ski pour les pilotes de l'armée de l'air française et de l'OTAN.

Il y a environ 25 ans, il fonde la Brasserie du Mont-Blanc, une importante brasserie artisanale française. Il a depuis cédé l'entreprise et travaille aujourd'hui sur un projet de distillerie.

Conscient des critiques autour de ces nouveaux vols spatiaux privés, il réfute avec véhémence le terme de "tourisme spatial".

Le tourisme c'est "faire une croisière tranquille et siroter une pina colada", dit-il. "Là c'est quand même plutôt une aventure qui n'est pas complètement dénuée de risque."

Son but est aussi de participer à son échelle "à l'aventure du développement spatial", ajoute-t-il en rappelant le lien entre la naissance des ordinateurs et le programme lunaire Apollo.

"Il y a énormément de progrès technologiques qui sont nés grâce à la recherche spatiale", martèle l'entrepreneur. "Les retombées indirectes ne sont pas forcément évidentes, mais elles sont énormes."

H.Meyer--CPN